Le château de Tournelay est une pépite comme il en existe peu : datant du 19ème siècle, ce domaine est un fabuleux témoignage du passé. Le château du domaine de Tournelay est construit sous la Restauration au début du XIXème siècle, dans le magnifique style Louis XIII. Il est fait de briques et de pierres blanches, le tuffeau qui est une très jolie pierre. Bruno de Lassus, l'actuel propriétaire des lieux nous accueille chaleureusement en cette belle fin de matinée.
Bruno de Lassus me tend un petit guide explicatif : " L'histoire du château débute au 19ème siècle. L'histoire du domaine de Tournelay est en revanche plus ancienne. C'était au Moyen-Âge, une dépendance du château des Seigneurs de Nueil, le " Frêne-Chabot ", aujourd'hui détruit. Il comportait, au milieu, des bâtiments agricoles, une petite maison de maître qui constitue le centre du château actuel. Le comte d'Auzances, propriétaire en 1793, vendit Tournelay à Monsieur Chauvin, notable local, mais ce n'est que vers 1828, après la terrible guerre qui ravagea le pays pendant la Révolution, que son petit-fils, membre du Parlement, agrandit le pavillon d'origine, et le transforma en cette vaste demeure. Son neveu, Monsieur de la Maufreyère, en hérita en 1859 ; il construisit les dépendances, planta le parc, l'entoura de murs, créant ainsi un bel ensemble, typique du Second Empire. "
" La fille de Monsieur de la Maufreyère, complète Bruno de Lassus, a épousé le frère de ma grand-mère. Ma mère en est ensuite devenue propriétaire. Les racines de notre famille actuelle sont là ". Cette propriété est donc habitée en permanence.
Des bâtiments classés
" C’est une propriété dont les bâtiments sont classés à " l’Inventaire des Monuments Historiques ", poursuit Bruno de Lassus. " Ce qui intéressait les architectes des bâtiments de France c’est que vous avez à Tournelay tous les bâtiments de vie d’un domaine au 19ème siècle : un chenil, un poulailler, des volières, un potager dont les murs sont très anciens (avant la Révolution), les écuries. Dans la plupart des propriétés de ce type-là, les gens ont, au fur et à mesure, rasé le chenil car l’entretien coûtait cher, idem pour le poulailler car cela fait la taille d’une villa. Certains transforment ces bâtiments en gîte ou ne les conservent pas pour X raison. Or ici, cela a été maintenu. Il n’y a que dans les écuries qu’il n’y a pas de chevaux. En revanche elles sont préservées tout comme la sellerie. Cela permet de donner un témoignage de ce qu’était la vie il y a deux cents ans. L’ensemble architectural présente également un intérêt."
Un parc riche
Autour de cette demeure se trouve un parc de 35 hectares dont 20 hectares de bois. " Le parc est vivant, il a été soumis à des tempêtes, des gels, des tornades, des sécheresses, des maladies. Le paysage évolue. Nous replantons donc régulièrement des arbres pour entretenir le parc et faire en sorte qu’on ait plaisir à voir cet environnement actuel. Certains arbres datent d’avant la Révolution et c’est toujours un crève-cœur d’abattre un arbre de plus de deux cent cinquante ans mais s’ils sont malades ils peuvent présenter un danger… ". Ce parc ressemble " a une réserve biologique de la faune et de la flore du bocage car on trouve des chevreuils, des renards, des blaireaux. Dans la rivière l’Argent se trouvent des castors, des loutres. On trouve également une grande variété d’oiseaux car ils ont ici la végétation, les prairies, les arbres pour nicher. J’ai été frappé de voir un grand nombre d’hirondelles cette année alors qu’il y a trois ans il n’y en avait pratiquement plus. Nous voyons également des chauves-souris. Nous ne mettons pas de traitement, nous nettoyons le parc de façon mécanique ou nous le laissons tel quel. Certaines écoles viennent pour découvrir la faune et la flore, ramasser les feuilles des différents types d’arbres ". Cet endroit est un véritable havre de paix qu’il faut à tout prix sauvegarder.
Le poulailler et le chenil
Dans le poulailler vivent des poules, des faisans, des paons, des oies. " D’après les spécialistes, la forme de ce chenil n’est pas courante. Ce chenil, de forme octogonale, est composé de 8 " chapelles " permettant de séparer les différentes races de chiens de chasse ". Ce chenil possède une cheminée, cela permettait de cuisiner la soupe des chiens. Une petite statue de St Hubert, patron de la chasse, surplombe le bâtiment. " Ici il y a toujours eu des chiens de chasse, ce ne sont pas les nôtres. Cela rend service aux gens qui possèdent des meutes, ça leur permet de séparer les chiens. Je trouve que ça donne de la vie" indique Bruno.
Le potager
À l’entrée du potager se trouve une plaque. " Elle a été apposée récemment, c’est un extrait du livre de la Genèse de la Bible sur le jardin d’Eden " explique le propriétaire. En effet, nous pénétrons dans un véritable petit paradis où poussent religieusement raisins, tomates, poireaux, et fleurs aux mille couleurs. Nous observons ce potager avec le bassin au milieu sur des plans anciens. Il fait plus de 6000m2. Il y a deux serres, une serre à raisins et une serre à tomates. Le long des murs sont plantés des arbres fruitiers : poiriers, pommiers. Ce potager est structuré en quatre carrés, nous n’en cultivons qu’un quart. Le reste nous plantons du trèfle ou de la jachère pour enrichir la terre. Tous les ans ou les deux ans nous intervertissons les cultures.
Les écuries et la sellerie : des petits bijoux
À quelque pas du château se trouvent les écuries. Le bâtiment, construit en 1860, est en forme de " fer à cheval " dans le style anglais. Dans le bâtiment de droite se trouvent les stalles restaurées. Celle la plus à gauche servait à mettre bas. Une petite lucarne surplombe la stalle. Il s’agit de la chambre du palefrenier. Cette lucarne lui permettait de surveiller la jument et d’intervenir si nécessaire. Au fond à droite de l’écurie se trouve un coffrage en bois. Il servait à descendre le foin du grenier pour le distribuer aux chevaux. L’éolienne En 1909 les propriétaires ont mis en place une éolienne. " Elle sert à alimenter en eau tout le domaine. Elle est située sur un puits et pompe par un système de va-et-vient, l’eau du puits. Ce réservoir de 57m3 alimente par gravitation le potager et le château en eau. Ce système marche toujours. La seule différence c’est qu’il y a un moteur pour puiser l’eau lorsqu’il n’y a pas de vent. Il y a également des ballons d’eau avec des moteurs dans le château afin de donner de la pression et diffuser l’eau dans tout le bâtiment. " Ces bâtiments forment un témoignage fabuleux de ce qu’était la vie d’un domaine au 19ème siècle.