C’est à Noël 2021 que j’ai découvert le livre « L’Italie en train », publié aux éditions Hachette. La couverture, joyeuse et colorée, avait retenu mon attention lorsque je l’avais aperçue dans les rayonnages d’une librairie parisienne, quelques semaines plus tôt. Depuis, ce livre ne m’a plus quittée. De nombreuses heures se sont écoulées pendant lesquelles j’en parcourais les pages, curieuse de nouvelles découvertes et vibrante d’envie de partir à l’aventure. Lucie Tournebize en est la talentueuse autrice. Elle y livre ses meilleurs conseils pour découvrir dix-huit régions italiennes en s’y déplaçant en train. Une plume passionnée et passionnante, de jolis clichés, des informations pratiques détaillées : tels sont les ingrédients de ce superbe guide, qui prône un voyage plus lent et plus responsable.
Le 26 juin dernier, j’ai eu l’immense joie de discuter quelques instants avec Lucie. Retour sur cet échange inspirant et étonnant.
Tout commence au moment où Lucie doit choisir un pays où partir pour son Erasmus. C’est par hasard, « presque par erreur », dit-elle, qu’elle jette son dévolu sur l’Italie. À ce moment-là, elle ne parle pas la langue du pays mais se représente d’avance l’université pittoresque qui l’attend à Rome. Manque de chance, l’architecture de la Sapienza, construite durant la période fasciste, ne colle pas vraiment à l’image qu’elle s’en était faite ! Lorsque je l’interroge sur son premier périple en Italie, elle me raconte qu’il reliait Rome à Gaète. Avec ses premières amies locales, elle embarque dans un train qui descend vers le Sud, uniquement munie d’une tente et d’un sac à dos.
Car outre l’aspect inattendu de l’université, c’est la grande accessibilité financière du réseau ferré Italien qui étonne Lucie. D’autant que pour notre voyageuse, hors de question de toucher à une voiture : entretenant une relation tumultueuse avec les engins motorisés, le train s’impose alors comme une évidence.
Pour Lucie, cette excursion sera le début d’un voyage au très lent cours. Voyage qui sera d’ailleurs documenté dès le début : sitôt ses aventures italiennes entamées, Lucie ouvre un blog, essentiellement consulté par ses proches. Cette première expérience rédactionnelle est une occasion de conjuguer son goût pour l’écriture et sa soif d’aventure.
Il y a une dizaine d’années, elle y met fin pour en lancer un second. L’objectif ? Livrer son expérience du voyage en Italie de manière plus précise, pour le rendre accessible à un lectorat plus large. Et l’autrice le fait avec une idée nette en tête : apprendre et se créer sa propre vitrine, pour espérer avoir un jour comme domaine de profession le journalisme, ou du moins l’écriture.
En 2016, les choses sérieuses commencent : Lucie entreprend la rédaction de guides de voyage à part entière. Elle est dès lors confrontée à une nouvelle forme d’écriture, davantage orientée sur l’information que sur le récit.
Deux années plus tard, elle a l’idée du livre « L’Italie en train » et en parle à son éditrice. De fil en aiguille, le département tourisme des éditions Hachette lui demande de rédiger un itinéraire test. Après s’être basée sur son expérience passée pour documenter les Cinque Terre, le modèle idéal lui apparaît clairement : ce sera un itinéraire par région. Malheureusement - ou heureusement ? -, elle ne les connaît pas toutes (la Calabre, certaines parties de la Campanie ou encore la Sardaigne restent pour elle des territoires inexplorés), ce qui rend inévitable l’élaboration d’un véritable calendrier de voyage. Seul couac : ce dernier devait commencer en février 2020. Vous connaissez la suite : pandémie du Covid, masques et confinement la contraignent à remettre le départ à plus tard. C’est finalement à l’été 2020 que Lucie enchaîne les voyages, de la Calabre jusqu’à Cagliari, en passant par Naples. Au lieu des sept mois initialement prévus, son périple est concentré en seulement trois mois.
Ce qui distingue le travail de Lucie Tournebize des guides de voyage traditionnels, c’est avant tout l’accent mis sur la question pratique, habituellement reléguée au second plan. Lorsqu’elle écrit au sujet d’une destination, l’écrivaine met en valeur les moyens d’y aller tout autant que ce qu’il y a à voir sur place. Une manière de concrétiser l’adage qui dit que « l’important, c’est le chemin et non l’arrivée » !
Lucie ne sait pas encore ce que sera son prochain projet, ce qui rend le suspens encore plus insoutenable. En attendant, elle alimente régulièrement son blog Occhio di Lucie, qui regroupe chroniques italiennes, recommandations littéraires et informations pratiques.
Tout ce dont elle est sûre, pour l’heure, c’est son envie de continuer à écrire… pour notre plus grand plaisir !