Les World Series of Poker (WSOP) se déroulent cette année à Las Vegas du 30 mai au 18 juillet. À chaque édition, des milliers de joueurs rêvent de repartir avec le graal, ce bracelet en or de champion du monde!
L’histoire du jeu
Le poker est apparu sous sa forme la plus connue vers 1830 sur les “steamboats” américains qui voguaient sur le Mississippi. Le jeu étant interdit dans la plupart des états, des joueurs professionnels profitaient de ces voyages pour plumer de riches commerçants d’esclaves ou de coton. Le jeu est aussi pratiqué par les cowboys et autres aventuriers venus tenter leur chance dans l’Ouest américain. Le saloon est le lieu par excellence de quelques mythiques parties de cartes. On a tous en tête les bandes dessinées de Lucky Luke, les films d’époque retraçant ces moments de tension autour d’une table avec des joueurs en train de miser des fortunes, calibres bien accrochés à la ceinture. Voici la genèse du poker américain avec sa variante traditionnelle, le poker fermé à cinq cartes.
Les années 50 déclenchent une nouvelle folie du jeu avec l’apparition des premiers casinos. Finie l’époque où le poker rimait avec salles clandestines et enfumées, arnaqueurs et bandits. Le temps de la réglementation est enfin arrivé. Las Vegas devient la capitale du jeu. La ville connaît un essor considérable après guerre avec la construction du plus grand barrage du pays. Des milliers de travailleurs masculins et principalement célibataires débarquent dans la ville et il faut bien les occuper. Les tables de poker sont prises d’assaut, l’argent coule à flots et l'Amérique puritaine se lâche!
La naissance des World Series of Poker
Les années 70 marquent un tournant pour le poker. Jack Binion, directeur du Horseshoe casino, souhaite mettre le jeu en avant, lui redonner ses véritables lettres de noblesse. Il décide d’inviter les sept meilleurs joueurs du monde (américains) à participer à un tournoi de cash game. Chacun dépose sur la table une somme en cash et joue pour gagner le plus d’argent possible. Pour une première, c’est un peu original. Les joueurs votent à la fin de la partie pour désigner le meilleur d’entre eux. Au terme du premier tour de vote, pas de vainqueur, la légende raconte que chacun aurait voté pour lui-même. L’ego du joueur ne s’invente pas. Il fallut donc un deuxième tour pour que Johnny Moss soit déclaré meilleur joueur du monde. Il reçoit une coupe pour fêter le premier titre des World Series of Poker.
La quête du bracelet
Les bracelets ne sont attribués qu'à partir de 1976. Les sept joueurs du tournoi originel continuent de s’affronter mais le tournoi suscite un engouement qui ne faiblira pas au fil des ans. De sept participants en 1970, on passe à 70 en 1980, 200 en 1990 à 800 en 2003, date charnière dans le poker moderne. Cette année, un amateur qualifié sur un site en ligne transforme 39 dollars en 2.500.000$, (30 000$ en 1971) son nom, Chris Moneymaker. On ne peut pas rêver mieux comme pub pour le poker! Boom l’année suivante, le tournoi compte plus de 2500 inscrits et change véritablement de dimension. Les parties sont télévisées, les sites de poker augmentent leur présence dans les médias traditionnels, les étrangers affluent et se battent pour décrocher ce bracelet synonyme de médiatisation et starisation.
Les légendes du jeu
Le poker compte évidemment quelques grands noms. Aux US, tout est statistique quand il s'agit de sport. Seulement deux joueurs ont remporté 3 fois le tournoi. Johnny Moss, le premier vainqueur et Stu Ungar, joueur fantasque, divinement talentueux qui connaîtra malheureusement une chute aux enfers après avoir été le meilleur joueur des années 80.
Doyle Brunson, alias Texas Dolly, vainqueur back to back devient la référence de tous les joueurs quand il sort son livre ”Poker System” dans lequel il y dévoile les secrets de plus de 20 ans d’expérience à la table. Cet ouvrage est considéré comme la bible du jeu. Spécialiste du no limit hold’em, la cadillac du poker comme il aime l’appeler, ce jeu de stratégie et de hasard n’est pas pour les âmes sensibles. Sur une main, un joueur peut être amené à jouer son tapis et risquer tous ses jetons. All in!! La phrase fatidique vénérée et redoutée de tous les amateurs de ce “simple” jeu de cartes. Il y aura une chaise vide cette année marquée par son décès au mois de mai, après une cinquantaine d’années passée à écrire sa légende autour des tables, le tournoi lui rendra un hommage appuyé.
Johnny Chan, deuxième double vainqueur d’affilée du tournoi du Main Event, ce tournoi à 10 000 dollars l’entrée en 1987 et 1988, est aussi un personnage incontournable de l’histoire du jeu. Il figure même dans un des films cultes de la scène poker, “Rounders” (les joueurs), il y joue son propre rôle dans une scène qui fait rêver. Un amateur l'affronte dans un des plus célèbres casino de Vegas et parvient à le bluffer magistralement.
Shuffle up and Deal!
Cette année, des milliers de joueurs viendront tenter leur chance pour remporter le bracelet du Main Event ou un des nombreux bracelets mis en jeu lors de cette tournée d’été qui dure 50 jours et compte 95 épreuves. Les organisateurs espèrent battre des records. L’an passé, il y eut près de 200 000 participants, plus de 100 nationalités différentes et un prize pool global avoisinant les 350 millions de $. Pour participer à un de ces tournois, il faut s’acquitter d’un prix d’entrée allant de 500 à 100 000 dollars. L’événement phare que tout le monde attend, ce fameux Main Event commence le 3 juillet. Un véritable marathon quotidien de plus d'une dizaine d'heures de jeu dure une semaine… Il faut survivre à un field de joueurs dépassant les 8000 entrées…L’année passée, le Danois Espen Jorstad est ressorti vainqueur de 8663 joueurs. Pour sa peine, il a empoché plus de 10 millions de dollars…plus de 1000 fois sa mise initiale! La folie made in USA!
La France championne du monde ?
Pendant que la France remportait sa coupe du monde de football en 1998, un célèbre Français s’illustrait sur les tables de poker de Las Vegas en décrochant lui aussi un titre de champion du monde. Patrick Bruel, le chanteur / comédien est un passionné du jeu et il est celui qui par qui le pokermania déferle en France. Il n’est pas le premier à ramener le trophée dans l’hexagone, sans doute inspiré par Gilbert Gross qui remporte un bracelet de champion du monde de poker en 1988. Il faut attendre près de 25 années avant d’avoir nos premiers doubles champions du monde, l’unique Roger Hairabedian et le prodige Bertrand “Elky” Grospellier. La victoire est en nous, l’essor du poker en ligne et des émissions commentées par notre champion du monde Patrick Bruel sont la base d’une progression fulgurante de nos Bleus. Aujourd’hui, la France se classe dans les dix premières nations du monde au niveau des bracelets remportés (38) et l’espoir de ramener cette année de nouvelles breloques est une quasi certitude. 34 champions français, who‘s next ??