Vif-argent, le mercure fut ainsi dénommé jusqu’au XIXe siècle. (structurel ou pas !) New York des années 1980, East Side (Lower), un petit groupe de peintres reprend la géométrie là où le Pop l’a laissé. Dans les combles ! Mistretched, moirage (pas foirage attention), monochrome mal aux yeux...
Steve DiBenedetto (1958, New York) éduqué à la Parsons avec Steven Parrino (1958-2005), a fait peinture, comme d’autres font tapisserie. Peinture à la redresse, avec des réseaux de lignes parallèles qui disputent aux couleurs l’ordre des couches. Day Glo (fluo chez nous) et créent du moirage, des effets optiques plus crades que démonstratifs mais néanmoins diablement efficaces. La ligne claire s’adjoint toutes les déformations, mécaniques ou sprayées à la sauvageon... 1990s. Et pire par la suite... Steve est un compagnon de route du Consortium, un frère en bousculades, un camarade de cellule, un amateur de vins de Bourgogne. Un artiste présent à maintes reprises sur nos murs et dans notre collection.
Je me souviens (FG) d’une engueulade embarrassante dans son atelier dans les années 1990 (fin) où sa virtuosité satisfaite avait déclenché notre ire et des propos excessifs – mais la camaraderie le tolérait ! Peinture moderne disait grands formats, plus que l’envergure humaine qui limitait chez les Concrets zurichois (Richard Paul Lohse) le format maxi de la toile sur châssis. C’est un invariant mis à mal (ou pas) aujourd’hui. La réduction drastique des hectares de lofts des années 1970 dans ce SoHo devenu Jardiland, en piteux mètres carrés tarifés au centuple dans les cages à peintres de Brooklyn-sur-Loing, par effet induit a considérablement réduit la prétention superficique des tableaux.
Steve a déduit sa peinture de ses innombrables feuilles peintes, enchevêtrant lignes et retraits colorés, couches et entrelacs, pour un bonheur de confusion compositionnelle et de labyrinthe formels. Nous deux (SdK & FG), à Pékin ; la peinture de DiBenedetto figurait au générique du show d’Alliance en 2007. Les Chinois n’y ont vu que du feu ! On gardait le fil, malins que nous étions à lui laisser la bride et l’espoir d’un solo chez Aubert de Villaine au cœur du domaine de la Romanée-Conti. Fait et magnifiquement fait l’été dernier avec 35 superbes dessins colorés exécutés à Rome en résidence américaine.
Notre ami et complice visuel de longue date Frank Elbaz a vite pigé la grandeur du propos et l’occasion rêvée d’en faire un saut parisien. Nous l’accompagnons aujourd’hui, avec joie. Joie réactivée il y a quelques semaines dans l’atelier du Queens au vu des petites peintures (Pets-like) familières (même si ça gratte souvent) rapidement choisies et assises près de leur grande sœur de belles dimensions. Feuilles peintes, en pousse-café à la cena, fières de leurs gribouillis célestes. Il était temps qu’il (re)vienne à Paris.
(Seungduk Kim & Franck Gautherot)