Praz-Delavallade se félicite d’accueillir Golnaz Payani pour sa première exposition personnelle. Née à Téhéran et vivant à Paris, Golnaz Payani incarne cette génération de créateurs puisant dans leur histoire personnelle les éléments d’une nouvelle contemporanéité. La délicatesse de ses œuvres et les sentiments qu’elles inspirent ont pour fondement l’idée d’incarner cette représentation tant du paradis que du bonheur perdu. Il y a dans ses propos cette ambiguïté du possible, entre nostalgie et souvenir, disparition-apparition. L’élégance même de son art traduit indéniablement ses origines et ce tropisme pour ces jardins de Perse idéaux. La beauté n’est pas seule à être convoquée, Golnaz Payani recherche l’infime détail qui lui offrira ce sentiment de ressourcement, une quête chimérique d’une oasis accueillante et merveilleuse, fraîche et ombrée dont les contes Persans s’inspirent. Derrière la poésie et la volupté du voir, se dévoile la réalité du vrai, rude, âpre, violente et qui au premier regard ne se livre pas forcément. À l’image de ces contes qui ont une origine indo-persane, des récits qui auraient été au fur et à mesure du temps transmis par voie orale.
Golnaz Payani perpétue ces histoires, ses œuvres en attestent, fidèles à l’image de la représentation de ce paradis quelle souligne par l’appropriation de motifs persans traditionnels tels que le «Gol-OMorgh», la fleur et l’oiseau. Ne nous méprenons pas, l’artiste sous des aspects urbains joue double jeu entre l’aimable et le violent, ne seraitce que par les gestes physiques qu’elle inflige aux tissus et étoffes qu’elle utilise : elle arrache, coupe, enlève, rajoute et maltraite le tissu loin de l’image idyllique du bonheur paradisiaque.
On retrouve d’ailleurs tout au long de son ouvrage ce besoin qui l’habite, ces allers-retours entre apparition et néant, toujours cette insistance de la trace : «La violence est aussi dans l’objet que je produit, l’œuvre finale est une image maltraitée, couverte par la superposition d’autres images ou masquée par de la laine. L’image est falsifiée, modifiée, transformée, ce qui est un acte violent en soit» précise t’elle. Ce tissu incarne selon sa qualité, sa richesse et la manière dont elle en fait usage le sentiment que ce dernier couvre tout autant qu’il dévoile. Une préoccupation sous jacente à ce besoin du beau et de la décoration, «donner au regard une belle vue qui en cacherait une autre» dit-elle. Il en va de même pour ses travaux sur papier, que ce soit ses piqures et incisions de débris rouges et bleus, ses harmonies orangées ou ses œuvres à la transparence double, toutes sont inspirées par les carreaux qui ornent les architectures des palais où apparaissent dans les entrelacs des précieux tapis Persans. «Ces motifs que j’ai brodé incarnent la synthèse de ces ornementations, j’ai simplement remplacé le losange par un point».
Golnaz Payani fonde l’essentiel de son propos sur la narration des contes et leur herméneutique s’appuyant sur le passé pour ré-enchanter un présent. L’Ombre des Oasis plane sur nous tous et l’apaisement nous gagne !
Golnaz Payani est née à Téhéran en 1986. Elle vit et travaille à Paris. Après une Licence de Peinture obtenue à la Faculté d’Art et d’Architecture de Téhéran, elle poursuit un cursus complet à l’École d’Art de ClermontFerrand où elle obtient le Diplôme National d’Arts Plastiques en 2010 et le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique en 2013. Depuis 2011, son travail est présenté au sein d’expositions personnelles et collectives en France et à l’étranger : DomaineM, Cérilly, FR, 2019, 2018 ; Mastre, Venise, IT, 2018 ; Paratissima, Turin, IT, 2017 ou encore La Trap, Pré-Saint-Gervais, FR, 2015.