L'histoire des arts qui mobilisent des technologies sonores constitue une part importante, quoique rarement reconnue, de l'histoire des arts médiatiques. Depuis le manifeste de Luigi Russolo, "L'art du bruit", une célébration de la richesse sonore qui habite le monde, l'avant-garde artistique a fait de la matière sonore un outil fondamental d'expérimentation. Des "Intonarumori" futuristes aux actions situationnistes, en passant par les happenings de Fluxus et par le travail précurseur de John Cage, les pratiques sonores et d'écoute ont été et continuent d'être transformées par la manipulation de la technologie, tant analogique que numérique.
L'exposition "Sound Vibes" présente une sélection d'œuvres mettant au centre les caractéristiques physiques et matérielles du son, et qui suggèrent des trajectoires inexplorées entre l'auralité et la vision.
Les œuvres présentées dans l'exposition esquissent différents paysages sonores dans lesquels les visiteurs sont invités à plonger à travers la vue et l'ouïe, et ce dans leurs liens imprévisibles avec la forme (Adam Basanta) ; les fréquences (Roberto Pugliese) ; le corps (Jacobo Baboni Schilingi) ; le vent (Peter Beyls) ; l'eau (Adam Basanta) ; la voix (Katharina Zimmerhackl) ; le bruit humain (Laurent Mignonneau & Christa Sommerer). De nouvelles formes de notation sont également interrogées : le son et l'image sont ainsi combinés pour créer un métalangage à travers des signes graphiques. Si Roberto Pugliese réarrange les expériences historiques dans la représentation de la musique, les partitions de Katharina Zimmerhackl se fondent sur des enregistrements mécaniques des crises et tremblements des corps hystériques féminins.
L'exposition tente d’aborder le son non seulement comme un matériau sujet à expérimentation en tant qu’ensemble de données acoustiques, mais aussi comme un espace et un lieu pour le corps et les sens, et comme un objet de culture et d'action humaine.