Dans son travail, Pieter Vermeersch mêle peinture et architecture en cherchant les liens entre représentation, temps, espace et couleur. Dans les limites de la toile, sa recherche se traduit par de grandes interventions spatiales qui manipulent l’espace. Ses installations de peinture ou ses fresques murales créent de puissantes expériences picturales ayant un impact physique sur le spectateur. Plus récemment, Pieter Vermeersch s’est mis à utiliser du marbre sur lequel il applique de la peinture pour ajouter ainsi une nouvelle couche sur le temps cristallisé du matériau.
Pour Vermeersch, c’est le contexte architectural de l’espace d’exposition qui détermine pour tout nouveau projet la sélection des oeuvres et la scénographie. Lorsqu’il décida de s’affranchir des limites de la toile, il constata rapidement qu’il se heurtait à une nouvelle frontière, en l’occurrence celle de l’architecture. C’est ce contexte architectural qui allait lui servir de toile et devenir le support de ses peintures murales.
Ces peintures murales se composent de transitions de couleurs graduelles. Rien ne révèle ici le processus de raisonnement et de travail intensif que suppose la réalisation de telles oeuvres. Des murs en béton cellulaire et en brique servent à leur tour de colonne vertébrale de l’exposition. Le caractère rudimentaire de ces murs contraste avec la finition quasi parfaite des peintures murales et autres oeuvres que montre l’exposition.
Dans ses peintures sur toile, Vermeersch part à la recherche du rapport et la frontière entre représentation et abstraction. Au Musée M il oppose la série plus ancienne « 8 paintings » à une série de cinq nouvelles peintures conçues en tenant compte des dimensions de l’espace d’exposition. Pour ces oeuvres autonomes, Vermeersch se base dur des photographies d’espace anonymes et indéterminés, privés de toutes références concrètes. C’est ainsi que sur la toile on passe insensiblement de la représentation à l’abstraction.
La géologie fascine Vermeersch depuis son enfance. Dans ses oeuvres sur marbre, il utilise la pierre comme s’il s’agissait d’une toile. Aux yeux de l’artiste, le marbre revêt une dimension cosmique - la pierre est est l’aboutissement d’un temps cristallisé, d’un processus vieux de millions d’années et résulte d’un enchaînement aléatoire d’instants que nous sommes incapables de démêler. Cette énorme et inimaginable dimension temporelle fascine le créateur. En peignant le marbre, il active cette dimension temporelle que le matériau porte en lui. Il y ajoute cependant un nouveau moment, une nouvelle couche - celle du présent.
Dans l’une des salles, Pieter Vermeersch entre en dialogue avec des objets de la collection du Musée M: traces d’architecture louvaniste marquée mar le temps, brisée, détruite. Ces fragments mettent en évidence un mouvement de la nature à la culture par le biais de l’artisanat, mais retournent à présent doucement à leur état premier, celui de la matière. Ces pièces sont exposées en établissant une relation avec deux nouvelles oeuvres.