Les activités post-Fluxus du groupe d’artistes genevois et de la galerie/maison d’édition Ecart trouvent depuis 2017, grâce à un partenariat entre le MAMCO, la HEAD – Genève, le Cabinet d’arts graphiques du Musée d’art et d’histoire et la complicité de John M Armleder, un lieu de réémergence. L’espace du musée dédié à Ecart permet de présenter le travail d’inventaire en cours, de réactiver des pièces des années 1970 et d’accueillir des projets d’artistes ou des performances.
L’exposition actuelle, élaborée à partir des archives Ecart, présente un ensemble d’œuvres et de documents liés au Mail Art, système de communication par voie postale mis en place par des artistes comme alternative aux institutions et aux galeries. Lettres, collages, multiples, mais aussi timbres ou livres d’artistes circulent ainsi au sein d’un réseau informel et international, dont la paternité est souvent attribuée à l’Américain Ray Johnson (1927-1995). Ses échanges avec le Canadien David Zack (1938-1995), présentés ici, attestent la volonté de désacralisation et de de démocratisation de l’œuvre d’art du Mail Art.
Dans les années 1970, la galerie Ecart devient un lieu d’échanges et de rencontres pour les artistes du Mail Art. David Zack réalise en 1974 le CV Nut Art Show, exposition où il présente son abondante correspondance et qui s’accompagne d’un catalogue sous forme d’enveloppe. La galerie met également à son programme d’autres correspondants, comme l’Américaine Anna Banana (1940) ou le Hongrois Endre Tót (1938) – auquel le Mail Art donne la possibilité de contourner la censure dans le Bloc de l’Est. Enfin, invité à présenter un projet à la Biennale de Venise en 1976, le groupe Ecart demande à des dizaines d’artistes du monde entier de leur envoyer par carte postale leurs contributions.
Ces échanges postaux s’agrémentent souvent d’empreintes de tampon-caoutchouc dont l’utilisation permet aux artistes de parodier le geste bureaucratique. En 1974, dans une tentative de répertorier le phénomène, l’artiste franco-canadien Hervé Fischer (*1941) publie une première anthologie qu’il présente lors d’une tournée d’expositions. Le passage de Fischer à Genève encourage le groupe Ecart à élaborer avec lui un second tome où figureraient de nouveaux tampons. La production de ces derniers étant devenue exponentielle, l’ouvrage ne verra pas le jour, même si un volume de 310 pages, présenté ici sur palettes, est imprimé.
Ce sont ces différents projets que réunit l’exposition, reconstruisant un fragment de l’exposition de Zack, proposant un ensemble de tampons d’artistes, des contributions de Tót et une documentation sur le projet vénitien (Venetian Tools Project). A la fin de l’exposition, l’ouvrage « Tampons d’artistes. Volume II » sera relié et mis en circulation.
L’exposition est organisée par Lionel Bovier et Elisabeth Jobin. Elle s’inscrit dans le cadre du projet de recherche « Ecart. Une archive collective » mené par la HEAD – Genève en partenariat avec le MAMCO, qui vise à valoriser et à inventorier les archives Ecart.