Le MOMAS (Museum of Modern Art Syros) de Martin Kippenberger (1953-1997) a été créé en 1993 et a existé jusqu’en 1996 dans un bâtiment inachevé et abandonné situé sur l’île de Syros, en Grèce, dans les Cyclades. Ce musée a été « fondé » alors que Kippenberger, invité sur place par son ami Michel Würthle, y repéra, près de la mer, le squelette d’une architecture en béton. Il en fit le cadre d’une institution sans murs et sans collection – un non-musée.
Directeur autoproclamé d’un lieu autofondé, Kippenberger invita des artistes à faire des propositions pour le MOMAS qui fut d’avantage un musée des projets qu’un musée des œuvres. « Si on ne me donne pas la possibilité de faire une exposition dans un musée, je créerai mon propre musée, loin, à la lisière du monde de l’art. J’inviterai mes amis et collègues et enverrai des invitations. Ces cartons d’invitation seront les seules preuves concrètes » de l’activité de ce musée avançait Kippenberger au sujet du MOMAS. Cosima von Bonin, Hubert Kiecol, Stephen Prina, Christopher Wool (qui en réalisa la signalétique), Lukas Baumewerd, Michel Majerus, Michael Krebber, Heimo Zobernig furent parmi les artistes invités à intervenir dans un lieu destiné à un public fort réduit (une dizaine de personnes tout au plus).
Le MAMCO possède presque la totalité des plans et la maquette du MOMAS. Cet ensemble, complété par des archives et des documents provenant notamment de l’Estate de Kippenberger, a fait l’objet d’une présentation à Palerme durant l’été 2018 (organisée par Samuel Gross) dans le cadre de Manifesta, la biennale européenne d’art contemporain. Il est montré dans les salles du MAMCO en 2019. La présence de Kippenberger et du MOMAS est de tout façon permanente au MAMCO : à l’entrée de ce dernier, une rose des vents, insérée dans le sol et sur laquelle figure une grenouille, animal déifié par Kippenberger, accueille le public et lui indique la distance qui le sépare du MOMAS (2'254 km).