L’artiste nomade de la performance et de l’installation James Lee Byars (Detroit, 1932 – Le Caire, 1997) a provoqué le monde de l’art de l’après-guerre par une attitude poétique sous-tendue par trois motifs : la question, la perfection et la mort. Sa quête de pureté extrême de l’intention et de l’expression est née du souhait de se forger une compréhension directe et par conséquent impersonnelle du monde, ce qui lui a permis de transcender les notions occidentales d’auto-expression et de génie. Son œuvre idiosyncrasique mêle le méditatif, le théâtral, le participatif et la « perfection » esthétique.
Avec plus de cent œuvres, The Perfect Kiss constitue la première exposition rétrospective de James Lee Byars en Belgique et en même temps un hommage à l’artiste européen, belge et même anversois en lui. Byars a voyagé dix ans entre New York et Kyoto avant de venir en Europe en 1969, et plus précisément à Anvers, où Anny De Decker et Bernd Lohaus l’invitaient à exposer à la Wide White Space Gallery (18 avril-7 mai 1969). Ainsi, Byars a rejoint un groupe d’artistes, de collectionneurs et d’amateurs d’art qui gravitait autour de cette galerie pionnière – Joseph Beuys, Marcel Broodthaers, Jef Cornelis, Nicole et Herman Daled, Isi Fiszman, et bien d’autres – et est devenu une figure emblématique de la scène artistique européenne, avec cinq participations à Documenta, de 1972 à sa mort.
En 1976, Flor Bex a lancé la première recherche étendue sur l’œuvre de Byars à l’Internationaal Cultureel Centrum (ICC) à Anvers. Celle-ci incluait la performance collective The Shadow of an Extraterrestrial Man, dont l’accessoire (également connu comme Le Géant noir d’Anvers) est désormais l’une des œuvres phares de la collection du M HKA. Cette œuvre figure bien entendu dans l’exposition.
The Perfect Kiss comporte des œuvres de disciplines et de genres différents (peinture, sculpture, installation, vidéo, performance et texte) avec l’accent mis sur la présence de Byars en Belgique de 1969 à 1994, et en particulier Two in a Hat, Mask and Dress, 75 in a Hat, A Pink Silk Airplane for 100 et The World Question Center (toutes de 1969), The Black Book (1971) et The Perfect Love Letter (1974). Le cœur battant de l’exposition est une sélection de lettres – jamais présentées au public précédemment – de Byars à ses amis en Belgique.
James Lee Byars – The Perfect Kiss est la deuxième d’une série d’expositions monographiques au M HKA consacrées à des artistes importants de l’avant-garde d’après-guerre, actifs à Anvers et qui situent la ville dans un réseau de scènes de la région très dense du Benelux et de la Rhénanie. Le titre de l’exposition fait référence à une performance présentée dans le monde entier, entre autres, à Bruxelles en 1974 et à Anvers en 1976. Il s’agit d’un geste invitant après l’exposition Greetings from the Eurasian en 2017, qui se penchait sur les activités de Joseph Beuys à Anvers. La trilogie se clôturera à l’automne 2019 par une exposition de Marcel Broodthaers.