L’expression japonaise "Hakoiri Musume" se traduit en français par ‘Fille dans une Boîte”. La locution est née au cours de l’ère Edo (1603-1867) et décrit “une jeune femme célibataire vivant une vie en lieu sûr au sein de sa famille protectrice” comme si elle était confinée dans une boîte. De manière plus générale, l’expression a été utilisée dans la culture populaire en tant que titre pour plusieurs films, mangas et une série télévisée. Mais comme le souligne Naoko Takemaru, Professeur Associé d’Études Japonaises de l’université du Nevada: dans une société évoluant à grande vitesse, Hakoiri Musume représente “principalement une [réalité passée compte tenu de l’] évolution constante du nombre de jeunes femmes vivant loin de leur famille en raison des [de leurs] études et carrières.”
Hakoiri Musume - Girl in the Trunk, l’exposition de l’artiste japonais base à Turin, Sato Kimitake, présenté à la galerie Albert Baronian à l’occasion du Brussels Gallery Weekend, évoque ce phénomène. L’installation dépeint la silhouette d’une jeune fille piégée dans un grand coffre haut d’1m30. L’œuvre évoque métaphoriquement Hakoiri Musume, une fille ayant été “mise dans une boîte” et soigneusement élevée par sa famille. Le coffre est présenté ouvert et révèle l’empreinte en creux du corps d’une jeune fille. Celle-ci en tant que telle est à la fois présente et absente du coffre.
Comme l’explique Sato Kimitake: “simplement en regardant le contour de la jeune fille, l’observateur contemple les véritables contenus du coffre. (…) La qualité de la boîte dans laquelle quelque chose de précieux est conservé révèle la valeur réelle de l’objet, du matériel ou de l’article qu’elle contient. (…) Bien qu’il ne s’agisse que d’une expression et qu’elle devrait être comprise au sens figuré, au sens propre, l’action de conserver et de contenir sa fille dans une boîte est une absurdité égoïste.”