L’exposition War Games organisée au Kunstmuseum Basel | Gegenwart présente des œuvres de Martha Rosler et Hito Steyerl. Elle réunit à la fois des travaux de leurs débuts et d’autres plus récents à travers un dialogue conçu par les deux artistes. Pour chacune d’entre elles, il s’agit de la première grande exposition en Suisse. C’est également la première fois que leurs travaux font l’objet d’une présentation commune. Un grand nombre de vidéos, photographies, photomontages, banderoles et objets côtoient d’immenses installations multimédia réparties sur deux niveaux du musée qui placent le visiteur face à des images high tech dans une mise en scène spectaculaire.
Les œuvres de Rosler et Steyerl explorent les articulations entre politique et médias de masse. Leur production artistique et théorique met en évidence le lien entre notre perception de la réalité sociale et les médias audiovisuels essentiels à sa transmission.
Ainsi, dès les années 1970, Rosler s’appuie sur le format télévisé de l’émission culinaire afin de véhiculer des messages féministes. Aujourd’hui, elle étudie les effets produits par les images tournées à l’aide de drones et les bouleversements provoqués par les médias sociaux dans le façonnement de l’opinion politique. Les premiers travaux filmiques de Steyerl reflètent son intérêt pour le film documentaire et l’essai cinématographique. Ses installations vidéo les plus récentes mêlent des univers visuels animés par ordinateur à l’esthétique de clips autoproduits tels qu’on en trouve sur de nombreuses plateformes en ligne. Ce faisant, elle analyse la fonction ambivalente des appareils numériques mobiles – destinés à communiquer et à produire des images – dont l’utilisation implique la coexistence d’antagonismes comme autorisation/contrôle ou guerres fictionnelles/guerres réelles.
Les œuvres réunies dans War Games contiennent un motif récurrent : l’étude artistique des formes d’hégémonie sociale, politique, économique et militaire. Plusieurs travaux abordent les mécanismes à la fois anodins et impitoyables des rapports de force et de pouvoir à travers différents facteurs de conflit tels que le (post)colonialisme, l’antisémitisme, les migrations, la xénophobie, la guerre, le développement urbain, la consommation et les questions de genre. Dans ce contexte, le rôle des institutions culturelles – musées inclus – relève également des hégémonies politico-économiques existant actuellement. Un grand nombre d’œuvres exposées traitent ainsi de la tendance grandissante à une vaste militarisation du quotidien à laquelle fait également référence le titre de l’exposition.