Le Musée des beaux-arts de Montréal est heureux de présenter en première nord-américaine l’installation vidéo Liminals de Jeremy Shaw, artiste britanno-colombien résidant à Berlin. C’est grâce au généreux prêt du collectionneur canadien Bruce Bailey que nous sommes en mesure d’offrir cette expérience multisensorielle à nos visiteurs.
Œuvre riche, Liminals prend tout d’abord l’apparence d’un documentaire 16 mm en noir et blanc. Bien vite, un narrateur à la voix digne d’un présentateur de la BBC situe l’histoire à trois générations de nous, dans un futur où l’humanité est en voie d’extinction. Le spectateur suit huit personnages qui tentent d’échapper à leur destin en sauvant la race humaine grâce à une extraordinaire combinaison : augmentation des capacités du cerveau au moyen d’ADN cybernétique et réactualisation de rites spirituels révolus.
Ils pensent ainsi pouvoir accéder à un espace situé entre le monde physique et virtuel – The Liminal –, où il est possible de passer à un niveau d’évolution supérieur. Tandis que les personnages prennent part à une série d’actions de plus en plus cathartiques, de la pratique de la kundalini au headbanging1, les images de la vidéo troquent une esthétique de cinéma-vérité pour une forme oscillant entre le documentaire ritualiste, le vidéo-clip, et le film de science-fiction utopique. Au climax, une transition inattendue survient lorsque le noir et blanc fait place à des images psychédéliques en Technicolor – on assiste alors à la transformation des danseurs, qui passent de l’analogue au numérique en intégrant enfin The Liminal.
L’artiste utilise de nombreuses techniques pour explorer les états de conscience altérés ainsi que les pratiques culturelles et scientifiques aspirant à cartographier l’expérience transcendantale. Croisant et amplifiant souvent les caractéristiques du cinéma-vérité, de l’art conceptuel, du vidéo-clip et de la recherche ésotérique ou scientifique, il crée un espace « post-documentaire » au sein duquel s’entremêlent systèmes de croyances et récits, dans les limbes de l’interprétation.
Jeremy Shaw est diplômé en arts visuels de l’Emily Carr Institute of Art and Design de Vancouver. En 2016, il a obtenu le prestigieux Prix Sobey pour les arts et a pris part à de nombreuses résidences, dont celle de la Hammer Museum Residency, à Los Angeles. Son travail a été présenté dans le cadre d’expositions solos au MoMA PS1 (New York), au Schinkel Pavillon (Allemagne), et au MOCA (Toronto). Cet automne, il présente sa Quantification Trilogy à la Tate Modern de Londres. Les œuvres de Shaw font partie de collections publiques internationales, dont celles du Museum of Modern Art (New York), du Centre Pompidou (France) et du Musée des beaux-arts du Canada.