La Galerie Marian Goodman a le plaisir d'annoncer une exposition d'Ettore Spalletti à Paris. L'artiste présente de nouvelles peintures, sculptures et œuvres sur papier à la galerie et à la librairie. Deuxième collaboration de l’artiste avec la galerie après celle à Londres en 2016, cette exposition prélude celle programmée au Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) au printemps 2019.
Dans l'espace principal sont dévoilées les nouvelles œuvres de la série Paesaggio, accompagnées de sculptures récentes. Composées chacune de plusieurs panneaux monochromes, les peintures Paesaggio évoquent les paysages d’hier et d’aujourd’hui de la région de la côte adriatique italienne des Abruzzes où l'artiste a vécu et travaillé toute sa vie. Les sculptures, disposées dans l’espace baigné d’une chaleur luminescente, orientent sereinement notre déplacement.
Dans la salle adjacente, Porpora, un diptyque couleur corail est disposé légèrement incliné contre le mur. La feuille d’or qui rehausse délicatement les bords des panneaux confère à l'œuvre une présence sculpturale et cinétique, en ce que l’or détermine un déplacement des panneaux vers l’avant. Ce détachement est accentué par la sensation que les pigments en poudre se détachent doucement de la surface picturale, donnant à l’atmosphère ambiante un caractère physique et structurel. Percevant ce léger mouvement, le visiteur est attiré vers l’intérieur de l’œuvre en même temps qu’il ressent un éloignement, estompant les limites entre le dedans et le dehors.
De nouvelles œuvres bleu azur, couleur emblématique de l’artiste, forment respectivement à première vue un carré parfait si ce n’est un coin minutieusement sectionné sur chacune d’entre elles. Cette interVue de l’exposition d'E. Spalletti, Galerie Marian Goodman, 2018 vention formelle nous rappelle que la peinture est un objet sculptural, et de la même manière, qu'une structure en trois dimensions comporte également des aspects bidimensionnels fonctionnant comme une toile vierge. Le travail de Spalletti échappe à une stricte catégorisation entre peinture et sculpture, et se définit plutôt comme des fragments architecturaux aux formes géométriques empreintes d'une luminosité vacillante et d’une touche vibrante.
En parallèle à la librairie Marian Goodman est présentée une sélection de deux nouvelles œuvres sur papier qui font directement écho à ses premières peintures de paysages montagneux, considérées aujourd’hui comme la genèse de la série Paesaggio. Ces dessins réalisés d’un geste léger au pastel coloré, représentent des fragments de la nature des Abruzzes, dans un équilibre délicat entre figuration et abstraction.
La méthode de travail de Spalletti trouve son origine dans une répétition méditative. Durant plusieurs mois, il applique des couches successives de pâte pigmentaire sur un même panneau, consacrant quotidiennement un temps déterminé à chaque œuvre. L’aspect final de la surface de la peinture n’apparaît qu’au terme de ce processus, après un ponçage doux des couches picturales, telle une caresse, révélant à la fois une luminosité interne et une surface externe animée par des variations de ton et de texture. L’artiste compare sa technique au doux geste d’application du fard à joues - tout aussi délicat et chorégraphié.
La peau de notre corps nous isole de notre environnement, mais c’est aussi par elle que nous entrons en contact avec celui-ci. Elle s’inscrit dans une dimension frontalière entre l'intérieur et l'extérieur, tout comme la surface vibrante des œuvres de Spalletti. La peau est protection, en même temps qu’appel à la connexion : c’est en cela que réside, selon Spalletti, la profondeur de l'humanité. Comme le dit Paul Valéry, dans L'Idée fixe : « Ce qu'il y a de plus profond dans l'homme, c'est la peau. » Et c'est cette profondeur même de notre peau, délicatement translucide et contenant notre être tout entier, sur laquelle Spalletti réfléchit, et représente dans son travail.
Ettore Spalletti est né à Cappelle sul Tavo (Pescara) en 1940, où il vit et travaille. Son œuvre a fait l'objet de grandes expositions internationales au cours des 40 dernières années, plus récemment au Palazzo Cini à Venise en 2015, et en 2014 avec une rétrospective présentée simultanément dans trois institutions italiennes : MADRE - Musée d'Art Contemporain de Donnaregina, Naples, GAM - Galleria Civica d'Arte Moderna e Contemporanea, Turin et MAXXI - Museo Nazionale delle Arti del XXI Secolo, Rome. Parmi ses autres expositions personnelles marquantes, on peut citer celles au GNAM - Galleria Nazionale d'Arte Moderna, Rome (2010), à l’Académie de France, Villa Médicis, Rome (2006), à The Henry Moore Institute, Leeds (2005), au Castello di Rivoli - Musée d'art contemporain, Rivoli, Turin (2004), à la Fundación la Caixa, Madrid (2000), au Musée d'Art Moderne et Contemporain, Strasbourg (1998), au MUHKA - Musée van Hedendaagse Kunst, Anvers (1995), et au Museum Folkwang, Essen (1982).
Parmi ses expositions de groupe, citons le Musée d'art contemporain de Tokyo (1998), le Musée Solomon R. Guggenheim de New York (1993 et 2004), la Biennale de Venise (1982, 1993, 1995 et 1997) et la Documenta VII (1982), ainsi que la Documenta IX (1992). En 2010, Spalletti a été lauréat du prix Terna, dédié à l’art contemporain. Ses principales commandes publiques comprennent la chapelle de la Villa Serena, à Pescara (Italie), en collaboration avec l'architecte Patrizia Leonelli, et la salle des départs de l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches (France).