Mais on peut aussi considérer le moulage comme si le sculpteur même était le moulage de sa sculpture. Quand il modèle une forme, il est obligé d'adapter ses mains, son action à la matière pour obtenir une forme. En ce sens, il est le négatif de sa propre sculpture.
(Giuseppe Penone, entretien avec Benjamin Buchloh, mai 2012, New York)
La Galerie Marian Goodman a le plaisir de présenter envelopper la Terre, une exposition de Giuseppe Penone dans notre espace situé au 66 rue du Temple. Cette exposition marque le lancement d'Avvolgere la terra (Envelopper la terre), 2024, une nouvelle édition limitée produite en collaboration avec la Galerie Marian Goodman. A la suite de Journal de Bruce Nauman, édition publiée par la galerie en 2022, Avvolgere la terra renoue avec notre histoire et avec l’activité de Multiples, Inc., maison pionnière dans l’édition de multiples d’artiste fondée par Marian Goodman dans les années 1960. Avvolgere la terra, composée de 17 sculptures en terre cuite et pigments couleur ocre et jaune, fait référence à un geste primordial, soulignant la relation complexe entre la nature et l'humanité. L’édition est exposée avec une sélection d'œuvres sur papier au titre éponyme de 2010 et 2015, ainsi qu'en dialogue avec Pressione, 1977, un immense dessin mural au fusain spécialement reproduit pour cette occasion.
Pour Avvolgere la terra, 2024, Giuseppe Penone use de son approche tactile sur les matériaux, revisitant l’idée de « fossilisation d'un geste ». C’est en pressant un fragment d’argile dans le creux de ses deux mains que se façonne la matière et se forme la sculpture. Chacune témoigne de l’intensité de la pression exercée sur la terre et enregistre l’empreinte de la surface de la peau, des pliures de la paume et des doigts de l’artiste. Comme le note Francesco Guzzetti, « c'est à partir du négatif de sa main et de l'étreinte du poing fermé que la matière prend forme ». Les lignes douces et arrondies se cristallisent dans cette matière compressée, rehaussée par une palette de pigments ocre et jaune. Giuseppe Penone souligne ainsi le caractère tangible de la terre, et par son geste il souligne un contact engagée avec la nature. Chaque poignée de terre étant différente, chacune des 17 éditions est unique.
Poignée de terre
J’ai tenu un morceau d’argile avec la peau de mes mains,
je l’ai serré fort, j’y ai imprimé l’empreinte de mon contact.J’ai perçu la surface lisse de l’argile, sa porosité délicate et poussiéreuse,
tendre au toucher, semblable au velours du cuir retourné
avec ses légers filaments qui lui permettent d’adhérer à la chair qui l’enveloppe.En touchant, en enveloppant avec les mains la surface extérieure des choses
nous les recouvrons d’empreintes et nous en définissons l’espace intérieur.
Les sensations intérieures que nous avons définissent l’espace au-delà des mains,
en entourant et en délimitant l’espace.Par l’action des mains nous couvrons et découvrons la matière et sa forme.
(Giuseppe Penone, 2015)
Un dessin mural immersif, Pressione, 1977, occupe tout l'espace d'exposition, reproduisant au fusain à partir d'une projection murale la surface de la peau, faisant écho au thème des empreintes humaines et des gestes fossilisés. Giuseppe Penone a réalisé cette œuvre pour la première fois publiquement lors de son exposition personelle au Kunstmuseum de Lucerne en 1977.
L'œuvre murale et l'édition en terre cuite sont accompagnées de deux séries de dessins, chacune intitulée Avvolgerre la terra. L'une est créée à partir de pigment, de graphite et de ruban adhésif sur papier (2010), la seconde à partir d'encre typographique et d'acrylique (2015), mettant en évidence la forme originale de la sculpture née d’une « poignée d'argile ».
Giuseppe Penone est l'un des artistes participant à l'exposition Arte povera, organisée par Carolyn Christov -Bakargiev à la Bourse de Commerce - Collection Pinault à Paris du 9 octobre 2024 au 20 janvier 2025.
Giuseppe Penone est né à Garessio, en Italie, en 1947. Il vit et travaille à Turin. Giuseppe Penone a récemment présenté des expositions individuelles à la Galleria Borghese, Rome (2023), au Centre Pompidou, Paris (2022 ; 2004), au Philadelphia Museum of Art (2022), à la Villa Medici, Rome (2021) ; Palais d'Iéna - CESE, Paris, France (2019) ; Yorkshire Sculpture Park, Wakefield, Royaume-Uni (2018) ; Château La Coste, Le PuySainte-Réparade (2017) ; Palazzo della Civiltà, Rome (2017) ; Louvre Abu Dhabi, Émirats arabes unis (2017) ; MART, Rovereto (2016) ; Rijksmuseum, Amsterdam (2016) ; Nasher Sculpture Center, Dallas (2015) ; Musée Cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, Suisse (2015) ; Beirut Art Center, Liban (2014) ; Musée de Grenoble, France (2014) ; Château de Versailles, France (2013) ; Kunstmuseum Winterthur (2013) ; Madison Square Park, New York (2013) et Whitechapel Gallery, Londres (2013).
En 2023, Giuseppe Penone est devenu membre associé étranger de l'Académie des Beaux-Arts. Parmi ses nombreuses récompenses, il a récemment reçu la médaille McKim (2017) et le prestigieux prix international des arts Praemium Imperiale pour la sculpture en 2014. Giuseppe Penone a exposé à Documenta V (1972), VII (1982), VIII (1987) et XIII (2012) et à la Biennale de Venise en 1978, 1980, 1986, 1995 et 2007.