La galerie Praz-Delavallade est heureuse d’annoncer la quatrième exposition parisienne de l’artiste John Miller, qui vit et travaille entre New York et Berlin.
Dans cet ensemble d’œuvres, Miller présente cinq peintures-sérigraphies, dix tasses à café et une projection numérique. Tous ces éléments se concentrent sur la manière dont les personnes habitent l’espace public. L’artiste s’est inspiré du chapitre «Marcher dans la ville» tiré du fameux livre de Michel de Certeau L’invention du quotidien. Vol. 1, Arts de faire (1980).
Les peintures-sérigraphies sont tirées de dessins que Miller a réalisés d’après des photographies qu’il a luimême prises à Varsovie, Munich ou Palma de Majorque... Ces dessins sont tout simplement des croquis qui représentent des histoires ordinaires, des histoires que l’on peut observer dans n’importe quelle ville. Le peu d’écart entre les tonalités fait que ces images évoquent des mirages, des hallucinations ou des images rémanentes.
Au centre de l’espace sont disposées les tasses à café. Miller a photographié les passagers se rendant au travail à la nouvelle station «World Trade Center» du réseau ferroviaire PATH. Les images des passagers, vus du haut, ont été imprimées sur les tasses. L’artiste a choisi ce lieu pour des raisons plastiques : le sol de la station est blanc, ce qui met en valeur les passagers en tant qu’individus. Les images ayant été prises en rafale, les mêmes personnages apparaissent dans des configurations différentes d’une tasse à l’autre. Dans le troisième volet de l’exposition, Miller se penche sur l’espace urbain contemporain à travers une présentation PowerPoint d’une durée de 8 minutes. Il s’agit essentiellement d’un court photo-reportage qui associe une narration, une critique, de l’appropriation et de la poésie. Bon nombre de ces images sont des plans rapprochés vides de tout contenu, des images de la surface de la route ou du trottoir montées à bref intervalles. Des citations fragmentaires de ce texte ponctuent les images. Certeau a constaté que la ville n’existe que si ces habitants ordinaires — les piétons — peuvent se l’approprier et la modifier à leur guise. Miller confronte ces extraits du texte de Michel de Certeau avec les propos d’Erving Goffman, sociologue américain très influent qui considère le monde comme un théâtre de conflit et de contestation. Au fur et à mesure de la présentation PowerPoint, l’impact des dispositifs de surveillance et le contrôle social s’avère de plus en plus présent.
L’intérêt de Miller pour l’espace public a débuté avec sa série photographique Clubs for America (1992), qui documente les sex clubs à New York, qui ont fermé ou qui ont été obligé de fermer après la survenue de l’épidémie du SIDA. Ses recherches l’ont conduit au projet photographique en cours, The Middle of the Day (1994 – aujourd’hui), qui se compose uniquement de clichés pris entre 12h et 14h, c’est à dire les horaires typiques de la pause déjeuner. Cette exposition poursuit les recherches de Miller au sujet de notre quotidien et des effets de l’économie et de la classe sociale, en insistant sur la façon dont la technologie digitale — notamment le téléphone portable — a transformé l’espace public. La conclusion suggère que la photographie, plutôt que d’amplifier la mémoire, pourrait en fait la diminuer.
John Miller (né en 1954 à Cleveland, États-Unis) est un artiste, critique et musicien qui vit et travaille entre New York et Berlin. Son travail a été exposé dans les plus grands musées et les plus importantes collections de par le monde. Depuis trente ans, Miller produit une œuvre diverse qui, en plus de la figuration, traite des questions du langage, des valeurs, de la hiérarchie sociale et de leur altération. Il a fait l’objet d’expositions personnelles à ICA, Miami (USA), Kunsthalle, Zurich (Suisse) ; Le Magasin - Centre National d’Art Contemporain, Grenoble (France) ; Kunstverein, Hambourg (Allemagne) ; Mamco, Genève (Suisse) ; MoMA PS1, New York (États-Unis), et le Museum Ludwig, Cologne (Allemagne) où il a reçu en 2011 le Prix Wolfgang Hahn décerné par la Gesellschaft für Moderne Kunst. Son travail a été sélectionné à deux reprises pour la Whitney Biennial (1985, 1991), ainsi que la Biennale de Lyon (2005) et la Biennale de Gwangju (2010). Ses œuvres font partie des collections du Whitney Museum, New York ; MOCA, Los Angeles ; Carnegie Museum of Art, Pittsburgh ; Museum Ludwig, Cologne ; Stedelijk Museum, Amsterdam ; Walker Art Center, Minneapolis ; Mamco, Genève ; ICA, Miami. John Miller enseigne à Berlin et au sein du département d’histoire de l’art au Barnard College, New York.