Le musée M possède une riche collection de statues médiévales qui font l’objet de nombreuses études. Souvent, on ne dispose d’aucune source quant aux auteurs de ces statues. C’est en comparant et en observant le style et la technique de ces œuvres que nous tentons de les attribuer à un maître ou un atelier précis. Dans cette exposition, nous proposons aux visiteurs d’apprendre le langage de la sculpture pour pouvoir, à leur tour, le déchiffrer.
L’exposition examine à la loupe deux anciens maîtres de Louvain. En premier lieu, il y a le nom attribué aux maîtres. Il évoque un type de statue créée de sa main ou en tout cas, dans son atelier. Mais quelle est la logique selon laquelle un sculpteur ou un atelier ne réaliserait qu’un seul type de statues? Le musée M veut en tout cas en découvrir les finesses.
Traditionnellement, nous parlons du Maître du Christ en Croix et du Maître de la pierre froide. Il s’agit de deux sculpteurs anonymes ou, en tout cas, de deux ateliers de Louvain – je n’ai pas encore réussi à déterminer s’il s’agissait d’un seul sculpteur – à qui nous attribuons différentes statues sur la base d’une série d’éléments stylistiques qui les caractérisent. Je souhaite approfondir les études dont ces groupes de statues ont déjà fait l’objet dans les années 1960.
Ces statues font-elles bel et bien partie d’un même groupe? Certaines caractéristiques peuvent peut-être vous renforccer votre certitude sur ce point? C’est pourquoi, dans le nouvel aménagement, plusieurs œuvres des deux maîtres/ateliers ont été mises côte-à-côte. Chaque fois, un intrus s’est glissé dans la série. Voici votre défi: comparez les statues et, sur base de votre propre analyse, retrouvez l’intrus. Regardez la manière dont le pagne est drapé, ou la boucle qui tombe sur l’épaule du Christ. Observez également la forme des paupières et la position des bras.
Ce genre d’étude stylistique, quel que soit son degré de précision, contient toujours une part de subjectivité. C’est pourquoi le musée M complète cette approche par une étude scientifiquement objective qui consiste à analyser une statue couche par couche. Pour la première fois à Louvain, des statues médiévales sont passées au scanner médical. Grâce au CT-scan de l’hôpital universitaire de Louvain, nous pouvons voir ce qui se trouve sous la couche de pigments et déceler réellement la main du maître. Parfois, une statue en bois est constituée de plusieurs éléments. Le sculpteur aura par exemple utilisé une branche pour réaliser un bras. Nous pouvons à présent découvrir ce genre de choses qui, habituellement, restaient invisibles. En identifiant l’essence de bois utilisée ou le type d’assemblage des différents éléments, nous disposons d’informations éminemment précieuses pour attribuer correctement les statues à un groupe précis.