Jean-Paul Riopelle, le créateur aux multiples facettes, a su continuellement réinventer sa pratique artistique. La force créatrice multiforme et le caractère insatiable de l’artiste sont à l’honneur avec cette nouvelle salle qui lui est consacrée.
L’art de Riopelle est mêlé à l’histoire des avant-gardes européennes et américaines du 20e siècle, dont l’artiste a fréquenté les membres au début de sa carrière. Il est également lié aux questionnements relatifs à l’abstraction et à la figuration que Riopelle a tour à tour privilégiées au gré de ses pulsions créatrices. Ce dernier n’a pourtant jamais cessé de poursuivre une vitalité et une diversité qui s’expriment aussi bien lorsqu’il étale la matière dans des effets de mosaïque que lorsqu’il recourt de nouveau à la figure, notamment à partir des années 1960. Pour plusieurs, il était notre Picasso.
L’œuvre de Riopelle continue de fasciner et fait l’objet de recherches qui, encore récemment, s’intéressaient à la sculpture de l’artiste, à ses estampes, à ses dessins, faisant ressortir des aspects méconnus d’une pratique multiforme. Cette constante redécouverte des ramifications de sa production réaffirme l’étendue de son art et permet à de nouvelles figures de se substituer à celle, mythique, du « trappeur supérieur » que lui avait accolée André Breton lorsqu’il l’avait accueilli au sein du mouvement surréaliste dans les années 1940. Riopelle est un passeur de sensibilité.
Tout porte à croire que Riopelle a couvert un territoire de création passablement plus large que ce que laissent envisager les œuvres abondamment diffusées des années 1950 – les majestueuses mosaïques réalisées à la spatule. Il devient ainsi un artiste touche-à-tout dont l’inventivité n’a pas fini de se dévoiler. Les œuvres réunies pour l’exposition – tableaux, bronzes, lithographies, collages – viennent d’ailleurs témoigner de l’extrême polyvalence de l’artiste et de sa soif inégalée de créer.