L’installation immersive de l’artiste franco-algérien Adel Abdessemed est constituée d’un ensemble de 31 dessins à la pierre noire figurant des militaires en action, grandeur nature, qui cernent le visiteur de toute part et le mettent en joue. Un autre dessin, Cri (2017), a été réalisé pour ce projet par l’artiste, d’après le célèbre cliché de « la petite fille au napalm », une image totémique de la guerre du Vietnam du photographe Nick Ut.
Par ces œuvres graphiques, d’une rare puissance, Adel Abdessemed interroge la violence et la symbolique des images de guerre. Il rappelle à notre mémoire l’histoire d’une icône photographique tout en se posant en allié des victimes civiles et des réfugiés de guerre. « Je ne parle pas, je n’écris pas, je crie », a déclaré l’artiste.
Cette installation s’inscrit dans le cadre de l’année de la paix au Musée, un vaste programme d’activités et d’expositions lancé en novembre 2016 dans la foulée de l’inauguration du Pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein, cinquième pavillon de la cité muséale, nommé en hommage à un couple de grands mécènes, rescapés de l’Holocauste. Michal et Renata Hornstein ont émigré au Canada, terre d’asile, tout comme Kim Phuc, la « fillette brûlée au napalm », qui œuvre aujourd’hui comme ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO.
Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal, explique : « Ce message de paix s’impose quand la cause des réfugiés devient hautement problématique dans le monde ; la voix du Canada s’affirme pour sa tolérance, comme celle de Montréal, ville d’accueil hier, ville refuge aujourd’hui. Cernés de tous côtés par les militaires en action, nous devenons à la fois les témoins et les cibles. » "Je suis heureuse d’être ici pour célébrer ce musée qui sensibilise par l’art des générations à venir. L’art nous rappelle que nous ne pouvons oublier le passé, mais que nous pouvons changer le futur », a déclaré Kim Phuc lors de l’inauguration, le 16 février dernier.
Soulignons que ce projet a reçu l’appui du maire de Montréal Denis Coderre, qui a conféré à Montréal le statut officiel de ville refuge le 20 février dernier, ainsi que celui de la ministre du Patrimoine canadien, l’honorable Mélanie Joly.