La Galerie Paris-Beijing présente Amphibology, la seconde exposition monographique de l’artiste coréen MyeongBeom Kim du 27 avril au 17 Juin 2017.
Amphibology (fr, amphibologie) 1. (n.f.) Du Latin « amphibologia », du grec amphibolia, ou « amphi » signifie « double sens», « bolos » « coup» et « logos » « mot », soit littéralement « tirer un mot dans les deux sens », « discours à double sens ». Construction grammaticale ambiguë qui permet à une phrase d'avoir deux sens différents et qui peut conduire à un raisonnement fallacieux. Synonymes : amphibolie ambiguïté, Exemple : Il croit cet enfant menteur
- (transcendantale). Nom donné par Kant à une forme particulière d'équivoque qui résulte de ce que les prédicats purement intellectuels sont appliqués aux phénomènes sensibles sans souci des conditions propres à la sensibilité (Critique de la Raison Pure, 1781)
Amphibology rassemble les dernières créations de l'artiste, issues d'une réflexion sur les liens entre aptitudes cognitives et souvenirs déformés qu'il mêle à son observation du quotidien. Il en résulte un ensemble d'objets courants auquel MyeongBeom Kim confère des caractéristiques d'ordre psychologique.
Le titre de l’exposition fait référence à une figure de style qui peut entraîner, par le biais d’une construction grammaticale équivoque, à la double-interprétation d’un même énoncé : « Lorsqu’une phrase peut être comprise de deux manières, il est difficile de savoir quel sens choisir » (Abraham Fraune, Lawiers Logike, 1558). Tel le célèbre personnage shakespearien Mercutio, jouant sur le double sens du terme anglais « grave »: «Ask for me tomorrow and you shall find me a grave man » (Roméo et Juliette, Acte III, Scène 1, Lignes 97-98).
L’ambivalence d’une expression ne résulte pas uniquement d’un astucieux choix de mots au sein d’une construction sémantique. Même les juxtapositions visuelles les plus inattendues peuvent mener le spectateur vers une impasse. En théorie de la communication, lorsqu’un sujet est face à une « double contrainte », il doit analyser deux données conflictuelles. D’un point de vue logique, il fait face à un dilemme qui apparaît insolvable. Pourtant, aller au delà de la simple relation entre le mot et l’objet, à l’instar des Surréalistes, n’est pas le but principal de la pratique artistique de MyeongBeom Kim. Il explore les multiples façons dont l’environnement peut être perçu et interprété en établissant un dialogue privilégié avec les objets de son quotidien, telles les projections d’une existence autre que celle à laquelle ces objets étaient destinées. Les installations de Kim condensent et réinventent le rapport forme/fonction révélant l’importance cachée du futile, comme une bougie qui brûle au milieu d’un champ vide.
L’écart entre nos attentes et l’expérience visuelle nous surprend. Comment réagir face à une pierre qui semble emprisonnée à perpétuité dans un même mouvement circulaire ? MyeongBeom Kim manie avec habilité les codes de l’absurde ne laissant aucune place au bon sens. Est-ce une envie d’échapper à la normalité ou la volonté d’envisager les objets et leur utilité autrement ? La mémoire résiduelle de leur fonction originelle s’efface progressivement pour laisser survenir une nouvelle signification. L’esthétique de MyeongBeom Kim est ancrée dans l’ambivalence : l'association inattendue d'éléments naturels et artificiels conduit inévitablement le spectateur vers une dimension métaphorique.
L’installation Merry Go round constitue certainement l’assemblage le plus hétérogène de cet univers parallèle : un daim naturalisé est placé sur une plateforme rotative accompagné d' un extincteur, une porte, un miroir et d’autres éléments prosaïques. Les réminiscences heureuses des parcs d’attraction de notre enfance se mêlent à un sentiment d’anxiété propre à l’âge adulte, comme pour suggérer en même temps la légèreté de l’être et la vulnérabilité de notre existence. Sa réinterprétation de la brève existence d’un ballon gonflable en est l’illustration : cet objet inanimé, rendu vivant grâce au souffle de l’artiste, se retrouve finalement piégé dans une cage ouverte.
D’après Myeongbeom Kim, la vie est un cycle où tout coexiste, le danger et la sécurité, la noirceur et la lumière, le bonheur et la colère. Les phénomènes naturels ne se luttent pas contre le destin, ils tentent tout simplement de s’y adapter. Dans Wish boat, une barque de pêcheur semble couler sous le poids d’une pyramide de galets, structure généralement associée à un lieu de méditation.
Après avoir trouvé la source de son travail dans l’épistémologie, la branche de la philosophie qui a pour objet l’étude critique de la connaissance, MyeongBeom Kim introduit le doute, offrant au spectateur un point de vue alternatif.
Né en 1972 à Séoul, Corée du Sud, il obtient son diplôme de sculpteur à l’Académie des Beaux-Arts de Séoul. En 2008, il reçoit son MFA en sculpture de l’Institut de Chicago. Son travail a été exposé à la Biennale de Busan et dans de prestigieuses institutions telles que le Jeju Museum, le Seoul Art Center en Corée, le Evergreen Museum de Baltimore ou encore le Musée du design et des arts appliqués contemporains de Winterthur, Suisse. En 2015, son installation saisissante Untilted (Deer), un cerf naturalisé dont les bois deviennent des branches, a rencontré un vif succès lors de la foire Art Basel Hong Kong.