Cette exposition regroupe pour la première fois deux jeunes artistes français, Maxime Duveau, fraîchement issu de la Villa Arson de Nice et Maxime Lamarche, qui obtient son diplôme à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon en 2012.
Le "garage" est leur vocabulaire, la route est leur langage. C’est cette notion de "garage" qui réunit ces deux artistes dans cette exposition. Le garage en arrière-cour de maison, celui où tôt, ils ont pu créer, "mécaniquer" comme ce fut le cas pour Lamarche, ou le garage bruitiste et envahi par le rock pour Duveau. Juste retour aux sources.
Tous deux ont pris la route, mythique, vers la Californie, vers la cité des anges. Comme beaucoup, ils sont partis en pèlerinage pour vérifier ou démythifier certains de leurs idéaux afin de les confronter au réel, jusqu’à les faire parfois valser dans le décor. Travelling à travers un mythe crevé. Eux qui ont été élevés aux rythmes de la "Garage Musique" moderne et à grands coups de blockbusters hollywoodiens, bercés par les génériques de Baywatch, ou Knightrider. Comme pour mettre à l’épreuve le "high concept" de Don Simpson et les filtres colorés de Tony Scott, sur la route.
De ce voyage initiatique Duveau revient avec une série de dessins en noir et blanc, grands formats, réalisés en deux temps, sur place puis à l’atelier. En visiteur avisé "il couvre" les lieux emblématiques de l’histoire du rock californien, notamment sur Sunset Strip. Il se plonge dans le décor, se noie dans les bars et effectue avec précision des relevés personnels, tel un topographe des lieux. Il photographie, griffonne, frotte, décalque et copie les strates de l’histoire à même les murs. En prise directe avec le présent, il convie le passé.
Maxime Duveau réalise donc des "tampons" d’après ces miettes de mythe. Ils seront reproduits à même le mur vierge de la salle d’exposition ; mise en tension de deux temporalités, deux réalités. S’il est vrai que les grands formats figuratifs de Duveau ont digéré les ambiances noires, propres aux romans d’Elroy, ils nous laissent face à une ville dépeuplée, ville des possibles où seuls persistent ces signes. Panneaux et devantures nous ramènent vers une réalité entre deux eaux. Avec son esthétique Duveau convie les fantômes du garage, tel Lynch ceux d’Hollywood.
Lamarche a développé des sculptures hybrides (poussées parfois jusqu’à l’absurde: la voiture flotte, le bateau roule etc...), qui prennent plusieurs modes opératoires. Il s’intéresse aux schémas contre-productifs et tente de questionner le statut de la sculpture. Réalisées pour les espaces blancs d’exposition, elles sont en effet remises en scène dans des lieux extérieurs, bords de route etc… et confrontent leur statut au réel. Si la pièce unique est donc le mécanisme de rigueur de ce travail, venant déboulonner les standards de production contemporains (et contemporaines), elle se retrouve, machine, d’un scénario de crise autonome.
Pour l’exposition "Echos de garage et valse du décor", Lamarche présente une série de sculptures inédites en résine polyester, réalisées par moulages. Il s’agit de capots de Chevrolet de 1964, hybridés. Un accident s’est glissé sur la surface. "Bossés" ou "tunés" d’une manière qui aurait mal tourné, les capots semblent esquisser la confrontation de deux échelles, tel le boa digérant sa proie monumentale. Le paysage. Lecture de nouvelles terres, entre chaos et peintures laquées.