« Ainsi soient-ils » : c’est l’acceptation, l’amen aux autres. Il existe en chacun de nous une singularité que François Bard s’attache à révéler dans ses portraits: il gratte et ponce en profondeur la matière peinte des âmes qu’il perçoit.
Un homme en kilt, un type en sweat à capuche, une bourgeoise en robe du soir ou un golden boy qui se frotte les mains, tous ont un côté sombre qu’ils s’efforcent de cacher au monde. Un curieux spectacle est en train d’avoir lieu : ces personnages, tels des icônes de notre monde moderne, sont mis en scène dans des cadrages quasi-cinématographiques. Des césures nettes au milieu des jambes, en plein visage ou en haut du buste, des jeux de lumières qui traduisent la fascination du peintre pour le Grand Siècle espagnol, François Bard fouille les recoins de la vanité humaine.
L’utilisation des empâtements et des dégoulinures installe une atmosphère lourde qui transpire par les pores du tableau. « Ainsi soient-ils » : il n’y a pas d’échappatoire à notre destin commun. Ne restent que ces tableaux où l’on retrouve une part de nous, placée bien au centre.