Pour sa prochaine exposition en octobre 2019 à la galerie, le peintre Jérôme Borel présente de nouveaux tableaux liés au traumatisme causé par les attentats de janvier et novembre 2015 en France.
Tout en restant fidèle à un vocabulaire métaphorique et une facture toute en transparence de matières, Jérôme Borel parvient, par l’économie de moyens dont il est coutumier, à faire basculer le spectateur dans les émotions et le ressenti de ces drames.
Ici, aucune des scènes de tueries de Charlie Hebdo ni du Bataclan n’est clairement identifiable. Ce sont plutôt les motifs et la pression de l’épure des fonds qui nous projette dans une brutale confrontation. Figure de style propre à l’artiste pour mieux faire basculer l’observateur des tableaux dans la stupéfaction… Comme souvent chez Borel la figure apparaît comme une vision paradoxale, éloignée de son sens propre. L’artiste cherche résolument à nous faire saisir tout le vide et la sidération qu’il a ressentis au moment même de l’annonce et à la déferlante des images qui ont suivi durant des jours.
Chacune de ses toiles, écrivait en 2018 Julia Garimorth, conservateur en chef et responsable des collections contemporaines au Musée d’art moderne de la ville de Paris, se remarque d’emblée par l’oscillation qui s’impose au regard entre un objet flottant, non-figuratif, et un objet clairement identifié. Jérôme Borel travaille, semble-t-il, directement sur la dynamique de la perception.
(« Jérôme Borel ou la figuration au bord du gouffre », dans Jérôme Borel, Temps donné, Éditions Dilecta, 2018.)