La galerie Anne de Villepoix est heureuse de présenter la deuxième exposition personnelle d’Omar Ba (1977), Den (Tanière), rassemblant une vingtaine d’œuvres inédites.
Après des débuts abstraits à l’école des Beaux-arts de Dakar, Omar Ba se tourne au début des années 2000 vers une peinture résolument figurative et narrative, un tournant qui correspond à son arrivée à l’école des Beaux-arts de Genève où il vit et travaille depuis lors. Imprégnée d’une formidable énergie vitale, sa pratique est ouverte au métissage et à l’hybridation. À la grande diversité des techniques et des matières employées – de la peinture à l’huile à l’encre de Chine en passant par la gouache et le crayon –, répondent une iconographie et un bestiaire foisonnants, inspirés par la culture africaine et plus largement par les thématiques du pouvoir et de l’autorité. Avec le carton ondulé pour support de prédilection, ses compositions font ainsi dialoguer tout un vocabulaire symbolique avec d’épais aplats de couleurs ou de noir et des lignes ondulantes. Denses et fourmillantes de détails, chacune de ses œuvres semble renfermer plusieurs tableaux, de multiples petites scènes dessinées au trait venant compléter et donner vie à la principale figure représentée.
Poursuivant son travail sur l’effacement des frontières entre l’humain, l’animal et le végétal, Omar Ba propose à la galerie Anne de Villepoix un univers troublant et fascinant, évoquant le refuge, la tanière, l’endroit où les animaux se replient et se sentent en sécurité, en écho au désir de l’artiste de se protéger de ce qui se passe autour de lui.
Dans l’espace de la galerie, une installation de papier-peint aux motifs végétaux joue le rôle de la tanière, tandis que des œuvres sur carton viennent se fondre avec elle.
Énigmatiques, les tableaux d’Omar Ba sont chargés de formes végétales et de figures hybrides colorées, mi-humaines, mi-animales, valant comme autant de métaphores de ce qu’il voit dans la société. On y trouve également des symboles du pouvoir et de l’autorité, thèmes récurrents de son travail, tels des médailles, des décorations, des fusils ou encore des grenades.
You can see after (2014) montre une tête de vautour parsemée d’écailles dans une scène où une catastrophe vient de se produire. Au devant d’un fond floral, incarnant « la vie d’avant », des figures mutilées baignent dans un espace architectural en ruine et de couleur sang. L’animal nous regarde droit dans les yeux, comme pour nous dire que nous sommes aussi responsables.
L’exposition présente également deux sculptures modulables : Saraba – Paix et Saraba – Refuge (2014). Inspirées de la mythologie sénégalaise, Saraba est l’endroit où l’on se rend lorsque nous sommes en quête de paix, de sagesse et de refuge.
D'une grande poésie et inventivité visuelles, l’art d’Omar Ba invite à une réflexion sur le monde actuel en associant des univers opposés : règne humain et règne animal, progrès et nature, modernité et tradition, Occident et Afrique, inhumanité et respect.