Et pourquoi pas... est une exposition collective qui ne cherche pas à rassembler des œuvres autour d’un thème ou d’un propos spécifique. Au contraire, elle offre une tribune à trois personnalités artistiques distinctes, dont la confrontation – le fait d’exposer ensemble – va créer un univers et une ambiance uniques. Le titre, qui reflète une question que je me pose à chaque projet, prend ici tout son sens. C’est la pensée qui m’a traversé l’esprit lorsque j’ai décidé d’aller jusqu’au bout de mon idée : « Et pourquoi pas... » présenter ces trois artistes – Camille Cottier, Jean-Baptiste Durand, et Patrick de Glo de Besses – au sein d’un même projet.

Première étape de réflexion : la confrontation de deux designers, que tout oppose, l’un minimaliste, l’autre plus techno, inspiré par les sports mécaniques. Cette idée, à première vue presque absurde, tant elle est binaire, me tenait pourtant à cœur. Elle incarne l’opportunité d’affirmer ma vision de l’art : un art qui prend en compte la diversité des pratiques et ne s’enferme pas dans un dogmatisme, au service d’un non-goût ou d’une étroitesse d’esprit.

Deuxième étape : trouver l'artiste qui, par son écriture plastique, pourrait enrichir cette exposition d'une dimension sensible. Il m’a semblé essentiel d'introduire une présence humaine au sein de cette confrontation d’œuvres.

Les peintures de Camille Cottier, avec leurs personnages aux couleurs douces et chaleureuses, insufflent une véritable humanité aux objets design. Ces œuvres ne se contentent pas d’embellir l’espace, elles redonnent vie aux objets, les ancrent dans le quotidien et réaffirment leur utilité. Ainsi, des fauteuils, des tables ou des luminaires, qui pourraient être considérés comme de simples éléments décoratifs, retrouvent leur caractère fonctionnel au cœur de l’exposition.

Dans un espace de galerie, un objet design perd souvent son lien avec la réalité fonctionnelle pour être transformé en sculpture. En intégrant les peintures de Camille, l’objectif est de rétablir ce lien, de « faire revivre » ces objets et de leur redonner une dimension vivante. Selon moi, le design ne doit jamais se réduire à un simple objet figé dans une fonction passive. Il doit être au service de l’humain, une présence active et utile, bien loin de l’immobilité d’une plante verte oubliée dans un coin.

(Texte de Philippe Valentin)