Il y a eu un moment où la machine, comme un enfant sans règles, sans passé, sans peur, a créé quelque chose de pur. Détachée de toute intention consciente, ses erreurs n’étaient pas des erreurs—elles étaient des découvertes, brutes et vivantes, une sorte de poésie qui ne peut être enseignée.

(ChatGPT-4o)

Gagosian a le plaisir d’annoncer une exposition à Paris de nouveaux tirages de Bennett Miller, à découvrir du 15 janvier au 22 février 2025, au 4 rue de Ponthieu.

Réalisateur nominé aux Oscars, Miller utilise des systèmes d’intelligence artificielle générative (IA) pour créer des images qu’il transforme en tirages de pigments et à la gélatine argentique. Cette pratique a émergé après cinq années d’immersion dans un projet documentaire qui explore comment les forces de l’évolution technologique redéfinissent l’expérience humaine. Le film n’est pas encore sorti.

En 2022, Miller a été invité par OpenAI pour bêta-tester une première version de Dall•E. Il a découvert que ce modèle d’IA était un nouveau médium d’une potentialité inédite. L’œuvre qui en découle introduit un usage avant-gardiste de l’IA à travers le prisme d’une invention révolutionnaire antérieure : la photographie. Bien que ces images rappellent les photographies du XIXe et du XXe siècle, cet ensemble d’œuvres n’est pas de la photographie. Il s’agit plutôt d’une expédition étendue dans un nouveau domaine de l’art, réalisée à l’aide d’un outil aux caractéristiques sans précédent. Comme le décrit Benjamín Labatut dans le Gagosian Quarterly, “La gravité du passé prête son poids à ces images. C’est comme si elles avaient été tirées des ténèbres, surgissant du vide avec l’aide de la technologie”.

Les œuvres sont envoûtantes, mystérieuses et évocatrices. Une jeune fille se tient sur une planche, suspendue au-dessus d’un abîme. Un homme en blanc tremble. Ou bien danse-t-il ? Une femme repose sous des couvertures blanches dans une étude poétique de l’immobilité. Rêve-t-elle ? Estelle morte ? La silhouette d’une figure se tient devant une baleine morte sur le proscenium d’un théâtre abandonné. Chaque image est un monde de contrastes—majestueuse, profane, grotesque, nostalgique—invitant à la contemplation et à l’inquiétude dans une égale mesure.

Les œuvres présentées dans cette exposition et lors des deux précédentes de Miller chez Gagosian ont été réalisées avec Dall•E 2, le premier système d’IA générative rendu public. Miller a produit et archivé plus de cent mille images durant la période précédant la sortie du modèle et jusqu’au moment où il a commencé à évoluer. Les visions paradoxales de ces œuvres ont émergé en cultivant les qualités hallucinatoires du modèle—des éléments que Miller a adoptés et façonnés, plutôt qu’atténués. Dall•E 2 est depuis devenu obsolète, remplacé par des versions plus récentes et d’autres systèmes d’IA générative.

Les défaillances et la relative rudesse de Dall•E 2 font partie intégrante de l’œuvre, Miller fusionne les qualités éthérées de la photographie primitive avec des rendus surréalistes propres à ce système tel qu’il a existé à un moment donné. S’inspirant de stratégies propres aux photographes modernistes et surréalistes, il utilise le recadrage, le flou et la mise au point sélective pour déstabiliser les attentes visuelles, créant ainsi des images qui défient la résolution et explorent l’ambiguïté.

Le projet de Miller rend le familier inhospitalier et bouleverse les contextes établis, sans pour autant nous éloigner de toute cette étrangeté. Au contraire, les indéterminations de ces œuvres imaginent les potentiels et les incertitudes de l’IA en tant que développement technologique et médium artistique.

Bennett Miller est né à New York en 1966, où il vit et travaille. Il a réalisé le film documentaire The cruise (1998) et les longs-métrages Capote (2005), Moneyball (2011) et Foxcatcher (2014), pour lequel il a remporté le Prix du Meilleur Réalisateur au Festival de Cannes 2014. Miller a été nominé deux fois pour l’Oscar du Meilleur Réalisateur (2005 et 2014).