Dans notre société moderne, nous sommes souvent assaillis par des messages et des injonctions qui prétendent détenir les clés de notre bonheur. Le marketing du bien-être est partout, et nous impose des normes et des attentes qui insidieusement nous font ressentir de la culpabilité lorsque nous n'y répondons pas.

Mais ces "diktats du bonheur" sont-ils réellement la clé de notre épanouissement personnel? Il convient tout d'abord de s'interroger sur la nature de ces messages, qui sont généralement véhiculés par les médias, la publicité, les réseaux sociaux et parfois même notre entourage. On nous incite à être minces, sportifs, à avoir une belle carrière, une famille épanouie, à voyager, à consommer, etc… Toutefois, ce martèlement est souvent fondé sur des normes sociales et des stéréotypes, et peut être source de pression et de culpabilité pour ceux qui ne parviennent pas à s'y conformer.

L'un des diktats les plus courants est celui de l'apparence physique. Nous sommes constamment exposés à des images de corps parfaits, retouchés et mis en scène, qui nous donnent l'impression que nous devons nous conformer à ces standards pour être heureux. Pourtant, n'avons-nous pas tous déjà fait l'expérience décevante de rencontrer une personne à l'apparence physique séduisante mais dont la personnalité était peu attirante? Inversement, nous avons tous croisé des personnes qui, même si elles n’étaient pas particulièrement photogéniques, dégageaient une énergie et une présence qui les rendaient charismatiques et intéressantes.

De nombreuses études ont montré que l'estime de soi et le bien-être ne dépendent pas uniquement de l'apparence physique, mais aussi de la personnalité, des relations sociales et de l'accomplissement personnel. Il est donc important de ne pas se laisser aveugler par les apparences et de chercher à développer nos qualités intérieures et à les transmettre aux autres.

La réussite professionnelle est un autre diktat fréquent dans notre société. Nous sommes souvent encouragés à poursuivre de longues études, à décrocher un poste prestigieux et à gravir les échelons pour être heureux. Pourtant, nombres sont les personnes qui ont réussi professionnellement et ne se sentent pas pour autant épanouies dans leur vie. Certains ont choisi une carrière pour faire plaisir à leurs parents, d'autres ont sacrifié leur vie de famille pour se consacrer à leur travail. La réussite professionnelle ne doit pas être une fin en soi, mais plutôt un moyen de se réaliser et de contribuer à la société. Il est important de trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle, et de choisir une carrière qui corresponde à ses principes et ses ambitions personnelles.

Dans un livre intitulé "les cinq regrets des personnes en fin de vie", Bronnie Ware, infirmière en soins palliatifs, rapporte les confidences de patients qu’elle a accompagnés. L'un des regrets les plus fréquemment exprimés est le suivant: "J'aurais aimé ne pas avoir travaillé aussi dur!".

Les patients indiquent également qu’ils auraient voulu avoir le courage de vivre une vie fidèle à eux-mêmes, et non pas la vie que les autres attendaient d’eux.

Et pourtant, il est parfois difficile d’aller à l’encontre de ce que les autres attendent de nous – en particulier lorsqu’il s’agit de notre famille. Personnellement, j'ai dû défendre fermement mes arguments quand j'ai choisi de ne pas avoir d'enfants.

Pendant de longues années, je me suis sentie inadéquate et jugée par mon entourage. Même si j'ai trouvé mon propre chemin vers le bonheur en m'épanouissant dans d'autres domaines de ma vie, ce choix a heurté des personnes de ma famille et m’a fait me sentir marginalisée.

Avoir des enfants et être un parent peut effectivement apporter beaucoup de joie et d'épanouissement. Cependant, la vie de famille peut aussi être pour certains, source de stress, de conflits et de sacrifices. Il est important de ne pas considérer la vie de famille comme une obligation, mais plutôt comme un choix de vie qui doit être en accord avec nos valeurs et nos aspirations personnelles. Chaque personne est unique et ce qui convient à l'un, ne convient pas forcément à l'autre. Il est donc essentiel de prendre le temps de réfléchir à ses propres choix de vie et de ne pas se laisser influencer par les diktats sociaux.

De même, dans notre quête perpétuelle du bonheur, nous subissons de plein fouet les diktats de la société de consommation, nous incitant sans relâche à acheter et à consommer toujours plus. Vous êtes peut-être convaincu que cette nouvelle et belle voiture changera votre existence et vous rendra plus heureux, mais ce n'est malheureusement pas le cas. Après le premier frisson de la vitesse et le bruit excitant du moteur, vous vous y habituerez et finirez par vous dire que vous devriez peut-être opter pour un modèle supérieur. Ce phénomène appelé ‘adaptation hédonique’ a été largement documenté par la recherche en psychologie positive et montre que la poursuite de la richesse matérielle ne se traduit pas par un bonheur durable, mais équivaut plutôt à un sentiment de frustration constant.

Dans cette course effrénée à la consommation, nous ressemblons malgré nous, à des hamsters dans une roue, courant sans cesse après le bonheur, mais sans jamais l'atteindre réellement. Nous pensons que le bonheur arrivera "quand" nous aurons atteint tel ou tel objectif, "quand" nous aurons acquis tel ou tel bien matériel; mais une fois l’objectif atteint, ou l’objet convoité acheté, nous passons immédiatement au suivant, sans jamais nous arrêter pour profiter de ce que nous avons déjà.

Lorsque l’on s’embarque sur ce “tapis roulant hédonique" on s’imagine que notre bonheur dépend de notre richesse matérielle, alors qu’il en est tout autre. Mais alors, comment trouver notre propre chemin vers le bonheur, en dehors de tous ces diktats?

Tout d'abord, il est essentiel de prendre conscience de ces injonctions et de les remettre en question. Nous sommes tous des êtres uniques, avec nos propres besoins, désirs et aspirations. Il n'y a pas de recette miracle, mais chacun peut trouver sa propre voie en suivant ses valeurs et ses objectifs. D’autre part, il est important de cultiver des relations sociales épanouissantes, car elles sont l'un des facteurs les plus importants de notre bien-être. Enfin, en pratiquant la gratitude, en étant bienveillant et authentique, nous pouvons développer un bien-être intérieur et nous rapprocher du bonheur véritable.