Mais jusqu'où ira-t-il ? Du haut de ses vingt-et-un printemps, Carlitos vient de soulever la première Coupe des Mousquetaires de sa jeune carrière en venant à bout d'Alexander Zverev en cinq manches et 4 h 10 de jeu, au cours d'une finale longtemps indécise qui a finalement souri à l'enfant de Murcie. Avec ce troisième Grand Chelem, après l'US Open (2022), Wimbledon (2023) et maintenant Roland-Garros, la question est de savoir si le protégé de Juan Carlos Ferrero a les moyens de concurrencer le Big 3 sur le long terme.

Paris a son nouveau roi

Dix-neuf ans après le premier sacre de Rafael Nadal, c’est Carlos Alcaraz qui a reçu le trophée des mains de Björn Borg, un moment historique pour le tennis espagnol. Carlitos, arrivé le bras meurtri Porte d’Auteuil, s’est découvert un mental qu’on ne lui connaissait pas forcément jusque-là. D’abord pour surmonter sa blessure à l’avant-bras droit, lui occasionnant son forfait à Monte-Carlo ; ensuite pour effacer successivement le nouveau numéro un mondial Jannik Sinner en demi-finale ; puis l’homme en forme du moment, Alexander Zverev, sur la dernière marche. Balbutiant son tennis par séquences, le Murcien a puisé dans ses ressources mentales pour conquérir son premier Roland-Garros. Drivé par son mentor Juan Carlos Ferrero, lui-même vainqueur sur le Chatrier en 2003, il est désormais le premier joueur de l’ère Open à avoir gagné trois Majeurs sur trois surfaces différentes. Dorénavant, à force d’aligner les records, on est en droit de se demander jusqu’où l’ouragan ibérique peut bien aller, si son physique ne le lâche pas en route, évidemment.

Les Jeux plus importants que Wimbledon

Imaginez. Imaginez seulement. Déjà devenu le premier teenager vainqueur à New York en 2022, Carlitos pourrait réaliser une performance totalement inédite dans quelques mois. Présent sur le gazon londonien, dans le temple du tennis où il est le tenant, son objectif reste les Jeux Olympiques à court terme, où le public parisien aura la chance de le voir s’aligner en double avec Nadal. Au vu de sa forme actuelle, une médaille (quelle que soit la couleur) le placerait comme le premier joueur de l’histoire à remporter trois des quatre tournois du Grand Chelem en plus du couronnement olympique. De quoi faire rougir les plus titrés de ce sport…

Le Grand Chelem à Melbourne dès 2025 ?

Si on voit plus grand encore pour Carlos, il y a cette possibilité unique de réaliser le Grand Chelem dès janvier prochain. À Melbourne, où son meilleur parcours depuis son éclosion est un quart de finale perdu face à Alexander Zverev cette année, il aura l’occasion dans huit mois d’accrocher à son tableau de chasse les quatre Majeurs, ce que Nadal, Federer et Djokovic ne sont parvenus à faire qu’à 24, 27 et 29 ans. En tant que phénomène de précocité, Carlitos est même devant l’Américain Donald (Don) Budge, qui avait accompli cette performance à 23 ans, et a terminé sa carrière à 40 ans avec six titres en Grand Chelem. Alcaraz a aujourd’hui deux ans de moins et déjà la moitié de son palmarès, rendez-vous compte…

Si son corps tient, l’Histoire lui appartient

C’est le principal problème chez lui. Avec onze blessures à 20 ans, plus ou moins graves, nécessitant tout au plus, pour l’instant, quelques jours ou au pire quelques semaines d’arrêt, le tennis champagne qu’il pratique use son corps à tel point qu’il pourrait en pâtir sérieusement à l’avenir. Mais rappelons-nous de l’exemple de son idole, dont le syndrome de Müller-Weiss ne lui promettait pas une longue carrière, mais qui l’a tout de même amené à devenir le deuxième joueur le plus titré de l’histoire. Comme dans tout autre sport, rien n’est écrit à l’avance. Charge donc à Carlitos de ménager sa monture en vue des grandes échéances qui arrivent et d’écrire sa propre légende.