Ainsi que l’illustre la rétrospective au Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne « Bas Voltage / 1960-2019 », qui se tient jusqu’au 22 septembre 2019, Pierre Buraglio, peintre et dessinateur, a également pratiqué de façon régulière les arts imprimés et les arts appliqués.
Cette exposition revient sur ces pratiques avec un nouveau projet éditorial d’œuvre imprimée et une sélection d’objets d’art appliqué.
Faisant suite à sa précédente exposition à la galerie, pour laquelle il avait entrepris un travail inédit d’imprimés monumentaux, l’artiste réitère avec une frise de 769 cm de long qu’il titre, en citant Jean-Jacques Rousseau, « Les rêveries d’un promeneur solitaire ». Sur un fond bleu, en fac-similé de papier Gauloises –référence à ses œuvres emblématiques du début des années 80 - Pierre Buraglio imagine une promenade qui commence au sortir de chez lui, numéro 20 de l’avenue Gambetta. Il emprunte des images au street art, cite des vers de Baudelaire, utilise ses propres dessins ou des extraits de toile d’anonymes et compose, laissant visible ça et là des traces d’arrachages, témoins des différents états du projet.
Pierre Buraglio use des possibilités offertes aujourd’hui par le numérique, avec la complicité du Studio Franck Bordas, partenaire de longue date, pour constituer cette fresque urbaine. Avec ce même procédé, il a réalisé récemment deux commandes : « 46 », pour le Musée des Beaux-Arts de Caen, tirage numérique pigmentaire en deux parties de plus de 4 mètres de haut, visible dans l'exposition « XXL estampes monumentales contemporaines » jusqu'au 15 septembre et « 68-2019 » dans les mêmes dimensions, pour le Musée de Saint-Etienne dans le cadre de sa rétrospective.
L'oeuvre composite « Les rêveries d’un promeneur solitaire » présentée à la galerie peut ensuite se décliner en différentes parties, dans un principe inédit d’édition à dimension variable, où chacun peut choisir un extrait. Un ensemble de dessins et d’estampes, sur le même thème, accompagne et prolonge cette balade dans le Val-de-Marne.
En pendant à ce travail d’imprimé mural, la galerie a choisi de présenter un florilège d'objets relevant du domaine des arts décoratifs. De même qu'il a revisité les composantes du tableau, pour inscrire l’art dans la vie quotidienne, Pierre Buraglio revisite celles d’objets utilitaires à partir de matériaux de récupération : miroir-fenêtre, socle en brique et presse-livre en brique réfractaire, presse-papier en montant de fenêtre et tôle emaillée. Certains objets répondent aussi à des commandes comme le compotier édité par la Réunion des Musées Nationaux (surmonté d’un papier mâché de Claude Buraglio), le foulard pour les soieries Brochier à Lyon, un paravent commandé par Elizabeth de Portzamparc pour sa galerie Mostra, ou encore le "service Diane" pour la Manufacture de Sévres. Et, pour cette exposition, Pierre Buraglio réalise un "Miroir-rétroviseur",en 3 exemplaires. A la frontière entre l’objet et l’art imprimé, plusieurs séries de cartes postales de l’artiste sont également présentées, notamment les éditions de Michel Lunardelli, en lithographie originales.