Artistes participants : Anne-Mie Van Kerckhoven, Imogen Stidworthy, Sophie Podolski, Cevdet Erek, Michèle Matyn, Andrea Fraser, Luc Deleu, Georges Smits, Allan Sekula, Laure Prouvost, Luc Tuymans, Bart Prinsen, David Lamelas, Jimmie Durham, Katrin Kamrau, Ruth Sacks, Walter Swennen, Chantal Peñalosa, Nicolás Uriburu, Stephen Willats, Paul Hendrikse, Marlene Dumas, Rinus Van de Velde, Danny Devos, Eva Donckers, Alain Ayers, Mathieu Verhaeghe, Alain Robbe-Grillet, Adrien Tirtiaux, Laurie Parsons, Hugo Roelandt, Gordon Matta-Clark, Ria Pacquée et des articles de l’archive de Roberto Bolaño.
Déployant l’énergie crue qu’il développera par la suite pour s’affirmer comme l’un des écrivains les plus originaux de sa génération, le roman Anvers des débuts expérimentaux de Roberto Bolaño demeure inclassable. Écrit en 1980, mais seulement publié en 2002, peu de temps avant le décès de l’auteur, Anvers raconte une histoire hautement fragmentée, qui fait montre de profonde irrévérence à l’égard de la forme romanesque. Évitant un récit linéaire, l’histoire progresse à travers une multiplicité de perspectives, évoquant chaque fois des images, des scènes et des personnages sous d’autres formes. L’ensemble reste insaisissable.
Dans son histoire énigmatique, habitée par des détectives, des victimes, des artistes et des vagabonds, Bolaño aborde la réalité contemporaine à travers des thèmes comme le crime, la corruption, la violence sexuelle, la vérité relative, la mémoire et son effacement, la marginalité et l’urbanisme, le regard masculin, la mer comme métaphore. Un à un des sujets qui résonnent avec l’histoire et la réalité d’Anvers. La structure, les thèmes et les personnages archétypaux du roman ont servi d’inspiration et de mode de réflexion pour cette exposition, intitulée Amberes comme le titre original du livre écrit en espagnol.
La véritable relation de l’ouvrage avec Anvers demeure vague et même un peu absurde – « À Anvers, un homme est mort lorsque sa voiture a été percutée par un camion rempli de cochons » est l’anecdote apparemment aléatoire par laquelle s’ouvre le chapitre 49. Toutefois, son écriture innovante dans laquelle convergent plusieurs styles, scénarios, personnages et perspectives fait écho aux caractéristiques des arts plastiques urbains ou qui s’inspirent de la ville – une scène qui, elle aussi, comporte diverses positions, générations, dynamiques, allées et venues. Une exposition inspirée par ce roman et organisée dans sa ville-titre peut adopter la multiplicité de perspectives que le livre mobilise pour alimenter une réflexion sur la ville et sur la manière dont les artistes traduisent les expériences urbaines sous différentes formes.