A l’occasion du Paris Gallery Week-end 2019, la galerie est heureuse d’inaugurer une nouvelle exposition personnelle de l’artiste italienne Antonella Zazzera, présentée également jusqu’au 29 juin, au sein de l’exposition TISSAGE TRESSAGE Quand la sculpture défile à Paris ! à l’Espace Monte-Cristo Fondation Villa Datris à Paris.
Antonella Zazzera est née en Ombrie en 1976 et diplômée en 1999 de l’Académie des Beaux-Arts de Pérouse. Passionnée par le clair-obscur pour sa capacité à modeler les formes à travers la lumière, elle reproduit inlassablement en dessins, à ses débuts, les peintures du Caravage… Ses premières œuvres importantes de la fin des années 90 sont ses Rilievi ; tri-dimensionnelles, elles sont soit constituées de couches de gesso sédimentées et incisées sur une base en bois instaurant l’espace-temps et les gestes de l’artiste, soit du gesso apposé sur des bandes de gazes dans ses Moduli pour observer des corps en mouvements et ses vibrations imperceptibles d’énergie, ou encore, ses Madre-Matrice où l’artiste inscrit ses Segnotraccia (Signes-Traces), à l’image de son propre corps semblant émerger de la Terre et tracer les lignes de son « Soi » en long et en large dans sa propre matière artistique. Puis vient une expérience particulière qui s’avère être à la base de tout le travail de sculpture qui va suivre ensuite : Antonella Zazzerra, au début des années 2000, grave ses lignes sur une plaque de métal Vetronite, deux fines feuilles de cuivre jointes par une couche de poussière de verre, pour les photographier ensuite ; alors qu’elle développe sa photographie, elle s’aperçoit que les réflections et réfractions qui ont pénétré le cuivre, donnent naissance à une matière tri-dimensionnelle touchée par la lumière. Ainsi naît sa sculpture qu’elle développe ensuite à travers son fil conducteur : le cuivre.
Plus que tout autre matériau dit-elle, la lumière est à l’origine de sa sculpture, sculpture qu’elle réalise en « pensant à la peinture et à ses innombrables timbres » dont elle trouve toutes les tonalités dans le cuivre. Antonella Zazzera tisse inlassablement la trame de sa sculpture de ses mains, cherchant à sentir, presque à l’aveugle et d’instinct, le point d’harmonie du lieu où son fil de cuivre va s’insérer, y faire un nœud et repartir dans une autre direction. Ses sculptures sont composées d’un maillage de fils ordonnés selon un rituel très précis, formant une trame métallique où s’accroche et se reflète la lumière. Elle fabrique un châssis clouté qui délimite la forme autour duquel s’articule son précieux métal de couleurs orangé, brun ou rouge et qui, dans un rythme de va-et-vient rituel et sanguin entre les différents points du relevé, donne naissance à la vie. Strate après strate, la sculpture prend du poids, le temps fait son œuvre, la sédimentation opère. L’artiste croise les mailles patiemment, joue sur les variations de formes et de couleurs, les épaisseurs de fil et les effets vibratoires engendrés par la multiplications des lignes. La trame ainsi produite devient alors réceptacle des forces universelles.
Il est essentiel de rappeler qu’Antonella Zazzera crée dans la ferme de ses grands-parents, en pleine campagne d’Ombrie. Les tissages et tressages de sa sculpture de cuivre qu’elle nomme Armoniche, rappellent tour à tour les poils drus et lisses du dos d’un cheval, la lumière des alvéoles de ruches, la terre labourée et ses reflets de cuivre à travers ses sillons, l’intérieur du tronc de bois qui dévoile ses nuances de tons cuivrés, les circonvolutions des alvéoles d’un tournesol parfaitement agencés, les nids d’oiseaux où Mère Nature vient même à reprendre les restes de ses fils de cuivre que les oiseaux utilisent pour leurs propres nids dans ses Naturalia. Dans toute son œuvre, la lumière demeure la clé fondamentale de son espace et de sa forme.
Parmi les références artistiques que nous pourrions évoquer face aux œuvres d’Antonella Zazzera, citons les études sur la lumière du futuriste Giacomo Balla, les recherches sur la sédimentation de Piero Dorazio, les sculptures en feutre de l’américain Robert Morris, le langage des signes de Hans Hartung ou encore les espaces en dédale de Vieira da Silva.
En 2014, la galerie Jeanne Bucher Jaeger lui consacre une première exposition personnelle, Trames de lumière, et présente, pour la première fois, ses œuvres au public français. Antonella Zazzera a participé à de nombreuses expositions collectives en Europe, au Japon, en Chine, en Israël, aux Etats-Unis (the Frederik Meijer Gardens & Sculpture Park, Grand Rapids, Michigan, 2014). En 2016, Antonella Zazzera a remporté le prix Arnaldo Pomodoro pour la sculpture, après Loris Cecchini, Laura Renna et Claire Morgan.
Cette nouvelle exposition vient présenter les dernières créations de l’artiste, notamment ses Quadri où l’artiste tisse, de façon spectaculaire, le geste peint sur la toile où jouent sur les variations de formes et de couleurs les épaisseurs de fils et leurs effets vibratoires, pour produire des sculptures à haute tension, où la lumière court sur la matière afin d’en faire vibrer toute l’énergie.