Kehinde Wiley, star de la scène artistique américaine et portraitiste officiel de Barack Obama, est de retour à Paris. Pour sa première exposition parisienne depuis celle du Petit Palais en 2016, il dévoilera une série inédite de peintures ainsi qu’une installation vidéo basée sur son séjour à Tahiti au cours de cette dernière année.
Les nouvelles œuvres de Wiley portent sur la communauté Māhū de Tahiti, classification traditionnelle en Polynésie des personnes de troisième genre, entre homme et femme. Les Māhū jouissaient d’un grand respect au sein de leur société avant d’être exclus par les missionnaires catholiques et protestants. Renvoyant et se confrontant aux célèbres tableaux de Paul Gauguin où figurent également des sujets de la communauté transgenre, les portraits de belles Tahitiennes transgenres de Wiley sont cependant chargés de connotations historiques ayant trait au colonialisme et à l’objectivation sexuelle. Développant les questionnements sur l’identité masculine et la virilité déjà en filigrane dans ses précédents portraits, ces nouvelles œuvres explorent la question identitaire sous l’angle de la transformation et abordent l’artifice comme l’artificiel en tant que phénomène transculturel.
Au cours des quinze dernières années, Wiley a élaboré un remarquable corpus d’œuvres qui, tout en l’interrogeant, contribue au canon de l’art du portrait de l’histoire de l’art occidental. La rencontre de Wiley avec Tahiti s’inscrit dans la continuité des voyages de l’artiste à travers le monde contemporain à la suite de son exploration de l’Amérique du Nord, de l’Asie du Sud et de l’Afrique de l’Ouest. L’attention que Wiley porte à Tahiti offre à présent l’occasion de se livrer à un réexamen de la France, de son histoire coloniale et de son image à travers le prisme des tableaux de Gauguin. Fidèle à sa démarche, l’exposition présente une perspective politique et esthétique singulière sur le pouvoir de l’art à infléchir les perceptions et à donner une visibilité aux figures oubliées de l’histoire.