Après les peintures des années 70 et celles des années 80 présentées respectivement en 2015 et 2019, la galerie Templon poursuit son exploration de l’œuvre de Jules Olitski (1922-2007), grand maître du Color Field américain. Cette nouvelle exposition, déployée en deux volets entre Paris et New York à la galerie Yares, se concentre sur les œuvres des années 90.

La série des MITT paintings peu exposée de son vivant témoigne de la passion toujours renouvelée de Jules Olitiski pour l’expérimentation autour de la couleur et de la lumière. A la fin des années 80, avec la complicité de l’entreprise « Golden Artists Colors Inc. », pionnier des peintures acryliques, Jules Olitski est un des premiers à s’emparer des possibilités plastiques inédites de leur nouvelle gamme. Après avoir jeté et vaporisé abondamment la matière et la couleur brute sur la toile, Olitski l’étale à la moufle (« mittens » en anglais) dans une chorégraphie faussement improvisée de mouvements ondulatoires et généreux. Ces oeuvres font éclater les codes de la « simple » peinture, flirtant désormais avec ceux de la sculpture.

Les toiles dévoilent un subtil jeu de reliefs sur lesquelles l’acrylique autant que la lumière sont sensuellement sculptées. Entre ses mains, la matière se révèle tour à tour lumineuse ou assombrie, mate ou luisante, élastique ou adhérente.

Pionnier d’une pratique expérimentale dites « moderniste », entamée dès les années 1960 qui consistait à « faire l’expérience de la peinture comme peinture » (Michael Fried), Olitski a ensuite évolué vers une ligne affranchie du goût moderniste, oscillant entre matérialité et immatérialité de la couleur. Avec les Mitt Paintings, il ne s’agit plus seulement de questionner l’essence-même de la peinture mais aussi la nature ambiguë de sa surface, la notion de hasard, comme du lien mystérieux entre main et tableau. Cette série marque ainsi l’aboutissement de décennies d’exploration picturale et de réflexion sur la puissance de l’abstraction.

Né en 1922 en Russie soviétique, Jules Olitski a émigré aux Etats Unis dès son plus jeune âge et étudié à la New York University. Il est une des figures essentielles du Color Field Painting défendu par le critique américain Clement Greenberg, dont Barnett Newman, Mark Rothko, Clyfford Still sont parmi les pionniers.

Jules Olitski, Kenneth Noland, Morris Louis constituent la seconde génération, resserrée autour d’une « peinture auto-critique », centrée sur ses attributs propres (Ann Hindry). Jules Olitksi a représenté les Etats-Unis à la Biennale de Venise en 1966, et a été le premier artiste vivant à exposer au Metropolitan Museum of Art en 1969. L’œuvre de l’artiste a été montrée dans de grandes institutions à travers le monde : San Francisco Museum of Art, 1967, Whitney Museum of American Art, 1971, Portland Museum of Art, 1998, Smithsonian American Art Museum, 2008, The Toledo Museum of Art, 2012, le Naples Museum en 2013 et le Reading Museum en 2014.

Elle est représentée dans les principales collections muséales comme celle du Museum of Modern Art et du Met Museum (New York), de la National Gallery of Art, (Washington), Solomon R. Guggenheim Museum (New York), The Art Institute of Chicago (Chicago), du Brooklyn Museum (New York), de la Tate Moderne (Londres)