L'idée du projet est d'investir la galerie Lefebvre & Fils, espace chargé d'histoires et de traces qui se lisent et permettent d'y créer une nouvelle narration à partir de ces fragments glanés, faïences peintes en bleu, arabesques, motifs qui rappellent l'écume ou encore abstraction. Nous y avons donc introduit notre histoire dans cette histoire de la céramique mais aussi celle d'une filiation que nous avons glané et regardé.
Les notes sont de grands laies de tissus de coton imprimé, issues des carnets, classées chronologiquement et mélangeant dessin d'observation, d'ennui, de recherches. Nous pouvons y lire l'avancée du travail et ses interrogations, son inscription et sa place dans un champ historique. C'est une promenade temporelle et cérébrale. Les céramiques qui viennent se détacher de cette trame oscille entre plusieurs séries dont certaines inédites, amorcée pour l'exposition. Elles sont les témoins de notre rapport au dessin, elles recomposent les fragments et les motifs issus des carnets en trois dimensions et se jouent des conventions entre arts appliqués et art entre objet quotidien, trivial, fonctionnel et sculptural. Elles se rappellent du manifeste et du voeu collectif des artistes et artisans de la commune, à savoir abolir les frontières entre arts décoratifs et beaux-arts, de chercher le beau et d'en faire un accès à la liberté et la non-aliénation à une société qui instrumentalise le geste et la pensée et crée des classes.
Aux regards de ces objets qui se jouent des frontières, de petits herbiers comme des planches encyclopédiques d'un voyage hypothétique en Italie et des toiles enduites de dessin, reprise de figures féminines comme des muses qui se joueraient des stéréotypes et évoqueraient des grandes figures d'artistes au féminins.
Cette exposition se propose avant tout comme une promenade dans nos préoccupations et nos principes c'est une exposition qui se joue des matières entre le coton, le papier sensible, la terre, les engobes mats et les émaux, mais aussi les surimpressions, les modes de fabrication, la sérigraphie, le geste qui se veulent comme des ricochets entre les pratiques et les surfaces.