Quel est le destin du tableau dans le foisonnement universel des écrans et des images ?
Dès les années 1960, Daniel Dezeuze, co-fondateur de Supports/Surfaces, a pressenti cette évolution exponentielle.
L’artiste poursuit depuis lors un travail qui s’articule autour de la remise en question de la peinture, de la cimaise et de l’espace. Radical, Daniel Dezeuze a utilisé le châssis comme support de cette mise en cause. Débarrassé de la toile, il retourne les tableaux contre le mur, joue du vide et de la tridimensionnalité : en dépassant les limites de la tradition picturale, Daniel Dezeuze lui ouvre un nouvel espace.
Aussi, dans la première partie de cette nouvelle exposition, Daniel Dezeuze fait à sa manière un éloge du tableau et de la peinture qu’il aime : angles, charpentes aux couleurs vives, surfaces ajourées. A mi-chemin entre peinture et sculpture, son œuvre, inclassable, se situe « entre la mise à nu de la peinture, à travers celle du tableau, et sa relation à l'espace » explique Guy Tosatto.
Alors que paraît un ouvrage monographique consacré aux différentes époques dessinées de l’artiste Daniel Dezeuze, Dessins, 1960-2018 publié par Skira et la galerie Templon (textes de Olivier Kaeppelin et Pierre Manuel, 320 pages), la deuxième partie de l’exposition est consacrée aux dessins de Daniel Dezeuze.
Présentés comme la chair qui complète les ossatures de la première salle, ces dessins faits en Italie, d’autres sur Lascaux ou sur l’art des fortifications et des géométries flottantes, renvoient également à la question de l’angle, de l’ajouré et à l’obsession de l’artiste à « saisir l’insaisissable ». Avec le dessin, Daniel Dezeuze se libère des pesanteurs et laisse s’exprimer la légèreté et le plaisir : une autre façon de voir le monde Sous un certain angle.
Né en 1942 à Alès, Daniel Dezeuze vit et travaille à Sète. Il a été largement exposé depuis les années 1970; plus récemment le FRAC Languedoc Roussillon à Montpellier a consacré une grande exposition à ses dessins fin 2015. Ces dernières années on a pu voir son travail à Los Angeles (Cherry and Martin Gallery) et à New York, (Canada Gallery) en 2014 ; au MAMAC à Nice (2012), à la Centrale Electrique de Bruxelles (2009), au Musée Fabre de Montpellier (2009).
En 2017, il a participé aux expositions collectives Supports/Surfaces, Les origines, au Carré d’art de Nîmes et The Surface of the East Coast, From Nice to New York au 109, à Nice, et le musée de Grenoble lui a consacré une grande rétrospective. Son œuvre influence aujourd'hui toute une nouvelle génération de peintres américains et fait l'objet d'une redécouverte critique outre - Atlantique.