Les aptitudes mathématiques de Zarah Hussain et son intérêt pour les motifs schématiques l’ont amenée à s’intéresser aux formes géométriques de l'ancien empire persan. Après des études universitaires en presse et médias, elle a travaillé pour la chaîne télévisée britannique BBC. Toutefois, sa formation à la Prince's School of Traditional Arts de Londres l’a orientée en 2004 vers une carrière d’artiste. Depuis qu’elle a suivi cette formation pratique, Zarah Hussain a su développer sa carrière artistique de façon spectaculaire via diverses expositions et plusieurs commandes publiques à grande échelle.
L'identité artistique de Zarah Hussain se situe au carrefour de la science et de la sacralité. Son œuvre se compose de dessins, de peintures, de reliefs, de sculptures et d’installations (lumineuses) et se décline jusque dans des applications numériques telles que des « app ». Son travail de création repose sur une vaste recherche sur l'essence de l’art islamique et sur la façon dont il est traité ou récupéré par l’histoire culturelle. Actuellement, son intérêt se porte sur la production textile au Cachemire et sur la relation entre le tissage et l'abstraction. En simplifiant, on peut dire que le principe de base pour obtenir un morceau de tissu consiste à croiser des fils de chaîne tendus sur un cadre dans le sens de la longueur, avec des fils de trame qui les traversent en largeur. Ces croisements, qui président également au nouage d’un tapis, créent automatiquement une grille ou un quadrillage.
Hussain est fascinée par la structure géométrique sous-jacente. Ses œuvres d’art invitent toujours à une jouissance directe et spontanée, mais ne manquent jamais de convier en même temps à une réflexion sur quelque structure plus profonde. Si la science exprime le monde sensoriel en longueurs, surfaces et volumes, l’art occidental, de son côté, en rend compte à travers une tradition mimétique. A l’instar de l’art islamique, l’avant-garde historique opte pour une expression dans laquelle la représentation du monde visible ne joue aucun rôle. En se basant sur des instructions mathématiques avec des symétries de rotation et de miroir, Hussain crée des formules visuelles qui expriment l’universel. Ses organisations répétitives ont un effet hypnotisant qui favorise la contemplation ; elles ouvrent souvent vers l’infini. L’artiste suggère à cet égard une comparaison avec l’ADN : ici aussi, d’innombrables variations significatives se développent à partir d’une source unique.
C’est tout le phénomène complexe de l'existence, à partir du niveau atomique jusqu’à l'orbite d'une planète, que cette géométrie aspire à capturer. Des carrés, des hexagones et des polygones tridimensionnels en forment généralement la base. La dimension spatiale est soulignée par la division de la surface en facettes qui sont partiellement colorées. Un centre univoque n’apparaît que très rarement : la partie et le tout interagissent l’un avec l’autre, et de leur dialectique naît une harmonie. Ce jeu allégorique de la forme et de la couleur ne vise guère à raconter quelque chose, à produire un quelconque sens narratif. Son enjeu essentiel est la combinaison de valeurs : l’artiste examine comment des formes ou des couleurs primaires entrent en rapport les unes avec les autres, et comment elles évoquent, à travers ce rapport, l’idée de la totalité.