La galerie Catherine Putman est heureuse de présenter une nouvelle exposition de Geneviève Asse, figure majeure de la peinture française. Ne se réclamant d'aucune école, étrangère aux courants et aux modes, Geneviève Asse, née à Vannes en 1923, pratique distinctement la peinture, le dessin et la gravure.
La sélection des oeuvres de l'exposition, orientée par la spécificité de la galerie, fait la part belle aux oeuvres sur papier : dessins, huiles sur papier, gravures rehaussées, pointes sèches et aquatintes. Présenté avec un choix d'huiles sur toile de différents formats, ce travail sur papier, moins connu, est une partie fondamentale de l'oeuvre de l'artiste.
Les oeuvres de Geneviève Asse sont traversées par la recherche de la lumière et de l'espace. Geneviève Asse se décrit comme une enfant rêveuse ; elle découvre la nature et la lumière à travers la fenêtre, chez sa grand-mère maternelle en Bretagne puis, s'installant auprès de sa mère à Paris, avec laquelle elle voyage en Belgique et aux Pays-Bas, elle poursuit ses rêveries dans les musées. Se révèle donc chez elle un attrait permanent pour la lumière et pour l'architecture, notamment l'architecture sacrée, en cela guidée par sa découverte du peintre hollandais Saenredam (1597-1665).
Les trois dessins « Ouverture Sénanque » de 1971 présentés dans l'exposition font partie de ses oeuvres traitant de l'architecture et de la lumière des abbayes Cisterciennes. Réalisés la même année que la toile blanche « Sénanque », 1971 (Musée National d'Art Moderne) et « Sénanque 1 », 1971, (Musée de Brou à Bourg-en-Bresse) aux subtiles nuances de bleu, ces dessins témoignent de sa fascination pour la pureté de cette architecture, son dépouillement et l'oblique de la lumière qui révèlent l'espace. On observe dans le traitement de ces dessins cette même recherche d'évanescence que dans les grandes toiles, obtenue par des crayonnages légers en gris et bleu qui viennent troubler la rigueur des coupes horizontales et verticales. Traitement que l'on retrouve avec encore plus de radicalité l'année suivante dans un dessin titré « Horizontale lumière », où l'espace blanc du papier est simplement construit par une ligne d'horizon tracée au graphite puis estompée.
L'usage de ce mélange de graphite et de crayon bleu, alliant trait et crayonnage léger, se retrouve également dans d'autres dessins des années 70, crayon et encre sur papier de tout petit format, proche de celui de ses carnets.
Le travail sur papier de Geneviève Asse est aussi celui de la gravure, à la pointe sèche le plus souvent, qui chez elle n'est pas à dissocier du dessin. La gravure lui offre la même intériorité, lui permettant simplement de « dessiner de façon beaucoup plus aigüe, plus tranchante »*, on trouve dans ses pointes sèches, cette même partition d'espaces flottants où le volume n'est pas figuré, avec un trait plus accentué. Ces gravures sont parfois rehaussées à l'huile « Triangle lumière », 1976 et « Ouverture bleue et blanche », 1980, elles deviennent alors une architecture secrète de la peinture.
Enfin, la peinture est bien sûr présente dans l'exposition, qu'elle soit sur toile ou sur papier. Deux très belles huiles sur papier «Ouverture lumière» de 1975 «Tracé de lumière» de 1976 et deux petites huiles sur toile de 1972 et 1973 sont par leur pureté et leur transparence proches des grandes peintures blanches sur toile de cette période. Puis un florilège de toiles de différents formats datant des années 70 aux années 2000, dévoilent sa recherche du bleu, de la mer et du ciel balayés par la pluie ou noircis par l'orage.