La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter Africa : Renversante, renversée la première exposition personnelle de Nú Barreto à la galerie.
Né en 1966 à Sao Domingos en Guinée-Bissau, Nú Barreto est une figure majeure de la scène contemporaine africaine. Il intègre les différentes étapes de l’histoire bouleversante du continent africain à travers plusieurs médium dont les peintures qui seront présentées dans l’exposition.
C’est en 2009 que Nú Barreto entreprend une nouvelle série de peintures revisitant le drapeau américain sous les couleurs panafricaines. États Désunis d’Afrique est une déclinaison de neuf œuvres présentées au sein de l’exposition à la galerie. L’artiste aborde ici une démarche nouvelle et questionne différents thèmes, notamment celui de la désunion du peuple Africain.
En reprenant la structure du drapeau américain et en faisant référence à l’American Flag de Jasper Johns (1954-1955), Nú Barreto s’inscrit dans une lignée d’artistes qui utilisent la puissance visuelle du symbole afin de mettre en exergue des questions sociétales. Nous pouvons citer l’artiste, David Hammons, avec African-American flag (1990), qui interpelait l’opinion sur l’identité culturelle afro-américaine. En s’appropriant la palette de couleur du drapeau de l’UNIA (Universal Negro Improvment Association), il proposait une réinterprétation hybride de ce drapeau. Cette œuvre historique marqua clairement la dimension politique de son travail.
L’oeuvre de Nú Barreto explore la culture et l’histoire appartenant au continent africain. Les peintures de la série États Désunis d’Afrique sont toutes réalisées avec les couleurs communes aux drapeaux des nations africaines: le rouge, le vert, le noir. Elles sont composées de cinquante quatre étoiles représentant chaque état du continent. Disséminées de façon éparse sur la toile, parfois même arrachées du drapeau dans Dépités - ou bien suspendues avec Déraciné, la disposition de ces symboles témoigne d’un désordre lié aux conflits entre les états.
Au delà des divergences politiques qui nous éloignent d’une vision utopiste de nation africaine unie, c’est aussi un continent tout entier qui fait face à son héritage parfois sanglant. L’oeuvre Yako (compatir à la douleur, mot d’origine Akan en Côte d’Ivoire), est un drapeau parsemé de douilles transperçant la toile et disposées à même le sol ; Nú Barreto fait ici écho aux guerres fratricides, aux coups d’états ayant eu lieu au xxème siècle. De même, l’utilisation d’ossements dans certaines de ses oeuvres, accentue la violence de son message et dénonce les génocides d’Afrique.
Vandalisme coloré, un drapeau piqué d’une multitude d’épingles, tel une poupée vaudou, résume la douleur et les stigmates des populations encore aujourd’hui. Malgré les difficultés, Nú Barreto souligne les ressources intellectuelles et culturelles dont bénéficient les nations africaines. Tel un message d’espoir, des livres d’auteurs africains suspendus à la toile de l’œuvre La Source nous présente l’Afrique comme un réservoir d’optimisme.
L’œuvre de Nú Barreto semble être en bouillonnement permanent. Son travail s’ancre autant dans l’Histoire que dans l’actualité. L’artiste nous interpelle par des actions marquées, des corps à corps avec ses œuvres : il nous fait quelque part ressentir une violence et une rage, aussi visuelles que métaphoriques, sans pour autant laisser de côté la recherche d’une esthétique singulière. L’utilisation de cauris, de douilles et autres gris-gris transforment ces drapeaux en sculptures et nous rappellent les œuvres textiles d’El Anatsui formées de milliers de capsules concassées. Les drapeaux de Nú Barreto deviennent des tableaux exutoires, des fenêtres ouvertes sur le monde, témoins de l’Histoire d’un peuple.
Nú Barreto est né en 1966 à Sao Domingo (Guinée-Bissau). Il vit et travaille à Paris (France).
Arrivé en 1989 en France pour étudier la photographie puis entrer à l’Ecole Nationale de Métier de l’image des Gobelins. L’œuvre pluridisciplinaire et engagée de Nú Barreto a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives. En 2018, il expose au côté d’El Anatsui, Issac Julien ou encore William Kentridge avec Reloaded Avant Garde 2018 à la galerie Sabine Knust (Munich, Allemagne). L’artiste a également bénéficié d’une exposition personnelle Ressonãncia, Casas au musée de Taipa en 2015 (Macau, Chine). Il a également participé à l’exposition 100 obras 10 años à la fondation Arpád Szenes et Viera da Silva en 2012 (Lisbonne, Portugal) ainsi qu’à la Biennale d’Art Contemporain Africain de Dakar en 2006 (Sénégal). Nú Barreto a aussi représenté le pavillon de la Guinée à l’Exposition Universelle de Lisbonne en 1998 (Portugal).
Ses œuvres sont présentes dans de grandes collections publiques et privées telles que celle du Museo Capixaba do Negro (Mucane), de la Vitória (Brésil), de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), du musée de Macao (Chine), de la Fondation Pro-Justitiae à Porto (Portugal) ou encore de la fondation PLMJ à Lisbonne (Portugal).