La Galerie Templon présente pour la première fois depuis 5 ans à Paris le pionnier de l’art contemporain indien Atul Dodiya. L’artiste a conçu une exposition inédite autour du peintre Morandi, célébration de la beauté d’un monde hanté par la peur de la perte, réunissant de nouvelles œuvres hybrides - peintures, installation et cabinets de curiosité.
Un dialogue du film de Federico Fellini La Dolce Vita est le point de départ de l’exposition : lors d’une réception, face à un tableau de Morandi, le héros exprime sa fascination pour le calme et la beauté de la composition du peintre, avant de révéler son angoisse devant cette sérénité apparente : ‘la paix me fait peur, peut-être plus que tout. J’ai l’impression qu’il ne s’agit que d’une façade qui cache le visage de l’enfer’. L’exposition d’Atul Dodiya s’articule ainsi autour de cette tension entre émerveillement et menace de destruction.
Douze peintures directement puisées du film inaugurent le parcours. Ensuite une série de peintures inspirées par les fresques des primitifs italiens convoque, au milieu de paysages d’Arcadie, des figures de saints autant que du Dieu Krishna, comme sauveurs d’un environnement menacé par l’effondrement. La colonne de Brancusi y devient un motif abstrait récurrent. Atul Dodiya mêle les références autant qu’il marie les techniques (peinture à l’huile, mastic époxy sur stratifié) pour offrir à sa peinture une matérialité inédite. Trois grandes vitrines réunissent des objets trouvés, crées et photographiés par Atul Dodiya, agissant comme des rappels de l’œuvre de Morandi. On y trouve les fleurs en papier que le peintre italien utilisait comme modèle et qui donnent son titre à l’exposition. Bien que rigide et sans vie, elles manifeste la beauté de la création dont on peut, malgré tout, imaginer profiter du parfum.
Atul Dodiya a été le premier à jeter des ponts entre art indien et occidental. L’expérience d’une année de formation à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris au début des années 1990 a été fondatrice. De la même génération que Subodh Gupta, Bharti Kher ou Sudarshan Shetty, il a emergé sur la scène internationale en même temps qu’eux dans les années 2010. Son œuvre fait voisiner culture populaire et références au cinéma ou à la littérature. Derrière l’humour et la poésie, la politique reste un de ses sujets de prédilection.
Atul Dodiya, né en 1959, vit et travaille à Mumbai. Il est représenté dans les collections de nombreuses institutions internationales, dont celle du Mnam-Centre Pompidou, de la Tate Modern à Londres, du Philadelphia Museum of Art. Il a pris part à la plupart des grandes expositions sur l’art indien organisées aux Etats-Unis, en Europe et en Asie ces dernières années : After Midnight : Indian Modernism to Contemporary India au Queens Museum de New York (2015), India: Art Now au musée d’ARKEN au Danemark (2012), La Route de la soie au Tri Postal à Lille et Paris Delhi Bombay au Centre Pompidou (2011), Inside India au Palazzo Saluzzo Paesana Turin et The Empire Strikes Back à la Saatchi Gallery de Londres (2010), Indian Summer à l’Ecole des Beaux Arts, Paris (2000). Il a également a participé à la Documenta 12 de Kassel en 2007 (commissaire Roger Buergel), à la Biennale de Gwangju (commissaire Okwui Enwezor) en 2008, à la Biennale de Moscou (commissaire Jean-Hubert Martin) en 2009, à la Biennale de Kochi en 2012 à la 7ème Asia Pacific Triennal of Contemporary Art (APT7) à Brisbane en 2012. En 2013, la National Gallery of Modern Art de New Dehli a organisé une rétrospective de son travail (commissaire Ranjit Hoskote). 2014 le Bhau Daji Lad de Mumbai lui a consacré une grande exposition : 7000 Museums.
Il s’agit de la 3ème exposition d’Atul Dodiya à la galerie Templon après Scribes from Timbuktu (2012, Paris) et Mahatma and the Masters (2015, Bruxelles).