La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter Trocken Lassen (« Laissez sécher ») la troisième exposition de Meuser après Tout va bien Alles in Butter en 2007 et Strubbel die Katz en 2015.
Né en 1947 à Essen dans la Ruhr, Meuser est l’un des artistes minimalistes allemands les plus emblématiques. Ancien élève de Joseph Beuys et Erwin Heerich (tout comme Martin Kippenberger, Albert Oehlen et Günther Förg) à la prestigieuse Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, il est, depuis 1992, professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Karlsruhe. Il participera cette même année à la documenta IX de Cassel invité par Jan Hoet.
Du temps de ses études, le jeune Meuser, fils d’un ingénieur d’une usine d’Essen, développe son apprentissage sous l’influence du constructivisme russe (de Malevitch à Mondrian) mais également du minimalisme américain (de Ellsworth Kelly à Donald Judd). Les questionnements de l’artiste autour de ces mouvements s’incarneront dans la rigueur de son travail et le suivront au long de ses réflexions.
Meuser développe dans son œuvre un principe de collection d’objets métalliques qu’il trouve au gré de ses recherches dans des décharges et notamment celles de sa ville natale d’Essen ou encore à Karlsruhe. Il transforme ensuite ces pièces, les déformant sur certaines zones, les peignant – ici à l’huile - en jouant parfois sur des effets de trompe l’œil. En effet, les toutes nouvelles œuvres en acier présentées à la galerie, pour l’une teintée d’un jaune éblouissant, ou d’un pourpre passé, parfois d’une couleur rouille ou grise, perturbent notre perception de l’état d’origine des matériaux. Ces lourdes sculptures posées au sol, ou encore suspendues aux murs blancs, créent une grande composition en quasi mouvement. Tout en ambivalence et en tension, elles paraissent à la fois ancrées dans l’architecture de cet espace et flottantes autour de nous.
La multitude de nuances, les jeux d’ombres et de lumières, les transparences et les différences de textures animent ces sculptures en renforçant leur plasticité. L’artiste propose des formes dynamiques et vivantes par des gestes simples et une sincérité déconcertante. Son travail semble tout à coup aller au delà de l’art minimal.
Meuser annihile le temps tout en mettant le Passé en exergue. Il fait écho à Essen, son lieu de naissance et symbole de la ville sidérurgique d’Allemagne de l’Ouest, comme celles que l’on peut contempler dans les photographies de Bernd et Hilla Becher. Ces fragments, fossiles porteurs d’une Histoire personnelle et collective, sont comme les portraits d’un récit social de la population allemande de l’après-guerre. Ces objets, dont on ne peut parfois deviner la fonctionnalité, évoquent également la société de consommation à outrance et le processus de mécanisation.