La Galerie Nathalie Obadia a le plaisir de présenter Native Naked: Unworldly to others, the sweetness of her steel arrival, as bride to others coined worldly, no longer beast, now coiled in father-kinship’s sweep, her tendrils like tribes, her toe nails like seed dug deep in dry earth, leaking bloodlines, back curved to tow hard against current and cries, her wiry corners sting with salt and scent, blowing sacred conch with hot breath she could be stowed away wrapped in sharp oyster shells to reach shores where Empires broke, bottled her to go back and forth, la quatrième exposition individuelle de Rina Banerjee à la galerie de Paris.
Après avoir présenté un ensemble de six sculptures au Pavillon de l’Arsenal lors de la 57e Biennale de Venise Viva Arte Viva en 2017, Rina Banerjee bénéficiera cette année d’une rétrospective dans plusieurs musées américains. Après une première étape au Pennsylvania Academy of the Fine Arts en octobre 2018, l’exposition Make Me a Summary of the World voyagera ensuite au San Jose Museum of Art en Californie au printemps 2019 avant de poursuivre son itinérance aux États-Unis. À cette occasion, une monographie sera publiée par le Pennsylvania Academy of the Fine Arts et le San Jose Museum of Art.
Au sein de l’exposition à la galerie, Rina Banerjee utilise différentes techniques - oeuvres sur papier, peintures sur panneaux de bois et sculptures. Alors que certaines sculptures sont accrochées aux murs, d’autres sont dispersées à même le sol, debout ou encore posées dans l’espace de la galerie. Par la radicalité de ces choix, Rina Banerjee fait référence à la question du positionnement et de la localisation géographique. Ces sculptures faisant figure de trophées ornent les murs : l’artiste nous invite dans une chasse onirique entre formes animales et structures en acier.
Rina Banerjee use d’une grande variété de matériaux: plumes, graines, coquillages, perles de verre, gourdes, fils colorés, feuilles d’or et d’argent, minéraux, nids, cornes, filets, objets chinés, soie, coton, lin, fioles, bouteilles diverses. Ces différents objets viennent habiller les squelettes que sont ses structures métalliques.
Peintures sur panneaux de bois et aquarelles sur papier témoignent également des origines de l’artiste qui a quitté l’Inde en 1968. Rina Banerjee intègre au sein de ses oeuvres sa conception de la beauté, de la spiritualité, de la diaspora. L’artiste se refuse à traduire littéralement ses recherches. En explorant les thèmes de l’union, des pays, de la nation, de l’identité et de la souveraineté, l’artiste nourrit ses réflexions au profit d’une quête engagée de transformation et de renouveau. L’esthétique tranchée de ses figures exotiques, parfois grotesques et fantasmagoriques, rappelle les mythologies indiennes et universelles. Les titres de ses oeuvres métaphoriques, écrits comme des poèmes naïfs, évoquent un monde contemporain intranquille. L’exposition fait écho à une réalité abrupte, tout en jouissant de la stabilité héritée d’empires passés.
Suite à ses précédentes expositions à la galerie, Foreign Fruit en 2007 puis Human Traffic en 2015, Rina Banerjee contemple aujourd’hui les migrations globales plus intensément. Elle se concentre sur un thème particulier, le mariage, à travers son marché et son industrie.
«Les côtés sombres et illégitimes des iniquités ne se lassent jamais de révéler une industrie de femmes à marier commandées par correspondance, femmes de réconfort, enfants mariées, violences liées à la dot... A travers l’Histoire, les cultures ont appréhendé le mariage comme une monnaie et l’industrie du mariage s’est développée selon la notion victorienne comme un échappatoire à l’oppression et assurant une mobilité sociale. La capacité à choisir judicieusement était une tâche exercée par les femmes pendant cette période coloniale, leur garantissant ainsi une mobilité en tant que gardiennes du pouvoir. Cette industrie matrimoniale demeure un carrefour culturel fécond, où des arguments provocateurs en faveur du mariage homosexuel et de la rencontre sur Internet nous permettent aujourd’hui de plus vastes choix. Alors qu’autrefois l’église ou le temple exerçaient ce rôle d’entremetteur de manière exclusive, les mariages civils nouvellement ordonnés ont ouvert par contrat une intersection entre les domaines publics et privés. Le passage des mariages en temps de guerre aux mariages mêlant différents groupes religieux ou ethniques ont créé des phénomènes de migrations et une mobilité entre les classes et les genres.» Rina Banerjee, 2018.
La sculpture Take my hand in marriage and matrimonial money with offers of dowry and grandiose public weddings, présente une main de femme offerte, couronnée et dorée. L’artiste pose la question de qui est offert, qui décide, qui donne la permission, et comment ces codes de représentation sont transgressés.
L’armature en acier que Rina Banerjee utilise pour assembler ses sculptures est laissée apparente dans l’oeuvre Wedding thieves, they stole her away on that blessed day, full that was a day full of frills and ruffles, borders draped, dragged, pinched to anchor, barefoot petticoat and chemise, shoulder pads and anklets, stole her from her family, waked her in mourning baked her if fires of ceremony, cooked in her in modernity. Elle est ici seulement couverte de tissu transparent, tandis que d’autres parties sont délicatement perlées, brodées de sequins, de fils colorés, de coquillages. «Les femmes sont traditionnellement habillées et décorées pour leurs mariages, à cause de la violence inhérente à l’échange et l’espoir de la promesse et du renouveau ».
L’artiste revient de façon récurrente sur les thèmes des vêtements de mariée ainsi que sur la représentation du corps de la femme habillée et déshabillée dans ses peintures et ses oeuvres sur papier. Le titre de l’exposition renvoie aux corps nus de ces femmes qui, issues de mouvements migratoires, sont en quête de leurs origines. L’artiste se demande alors ce que signifie être indigène. Entre l’inné et l’acquis, qu’est-ce qui définit nos origines?