La galerie Xippas est heureuse de présenter la deuxième exposition de l’artiste suisse Stéphane Dafflon, qui dévoile pour l’occasion MAGIC EYE, un ensemble d‘œuvres inédites réparties au sein des deux espaces de la galerie.
Les peintures de Stéphane Dafflon, d’apparence simples et minimalistes font preuve d’une grande maîtrise picturale. D’abord créées à l’écran puis retranscrites de l’ordinateur à la toile ou au mur, elles sont marquées par l’histoire de l’art tout en s’affirmant comme une empreinte du quotidien. Elles dévoilent des formes géométriques, lisses, mêlées à un choix de couleurs qui attirent notre regard par la force visuelle qu’elles dégagent. Le projet est ici d’ailleurs défini à partir du choix d’un nuancier, se limitant au bleu, rouge, jaune et noir ; comme un rappel au CMJN (cyan, magenta, jaune et noir), couleurs utilisées pour les techniques d’impressions numériques.
« Avec une souris et des logiciels, il a pu manipuler des patterns librement, de manière flexible. Il pouvait commencer avec un rectangle, arrondir ses coins, le couper, et le manipuler à nouveau. Ajouter de la couleur. Le tourner dans un sens ou dans l’autre. L’incliner. Réarranger l’échelle et la dimension. Les formes pouvaient être hybridées comme des molécules pour former des objets graphiques complexes. » – Jeff Rian, Stéphane Dafflon, un portait sur sept ans, 2007
Le titre de l’exposition introduit les questionnements picturaux que pose Stéphane Dafflon pour cette exposition. « Magic Eye » fait référence à une série de livres du même titre, publiés par N.E Thing Entreprises. Ces livres présentent des autostéréogrammes, des images faites de motifs en deux dimensions qui, par un effort oculaire dirigé par le cerveau, donnent l’illusion de scènes tridimensionnelles.
Le motif de départ est une simple grille, quatre rectangles possédant chacun une teinte, qui se transforme en damier par l’effet de répétition : ici, un copier/coller sur clavier. C’est à partir de cette grille que tous les motifs se construisent : damiers, losanges, spirales et colonnes. Motifs et couleurs viennent se faire écho d’une toile à l’autre puis mutent à leur manière, formant à chaque fois une composition particulière, une abstraction élémentaire comme un signe visuel unique. Cette impression est renforcée par les proportions singulières des motifs de chacune des toiles qui leur confèrent un certain volume, une certaine focale, comme si le spectateur s’approchait puis s’éloignait de l’image en déambulant d’une peinture à l’autre dans l’espace d’exposition.
Les formes nettes sont alors comme brouillées, bouleversées. Les motifs prennent l’allure d’ondes vibratoires qui entreraient en résonnance avec le lieu pour lequel elles ont été pensées car les œuvres de Stéphane Dafflon, sont créées en fonction du lieu dans lequel elles seront exposées. Elles se retrouvent comme calibrées sur les contingences de l’espace, une sorte d’adaptation cohérente. Parfois, un mur fragmente les œuvres, s’incluant ainsi dans la composition. D’autres se lient à l’architecture du lieu comme élément fondateur, telle une traversée entre le sol et le plafond.
C’est ainsi que l’œuvre de Stéphane Dafflon éveille nos sensations, à la manière, par exemple, de la musique et de ses vibrations avec laquelle il compose et s’inspire. Un rythme visuel et sonore qui s’exprime autant dans ses tableaux que dans la manière dont il les pense ensemble et les installe dans le lieu d’exposition. Pensée à Mondrian, et à la manière dont le Jazz vient rythmer sa peinture iconique Broadway Boogie Woogie, s’affirmant comme élément primordial à sa création. L’expérience des peintures de Stéphane Dafflon se dévoile elle aussi comme une composition, telle une traduction plastique d’un rythme sur la toile. En incorporant des compositions de motifs au sein de ses peintures, il refonde ainsi l’ambition première de l’art abstrait : agir sur le spectateur, c’est lui demander de porter un autre regard sur le monde.
Stéphane Dafflon est né en 1972 à Neyruz (Suisse). Après avoir obtenu, en 1999, un diplôme d’art visuel de l’école cantonale d’art de Lausanne (ECAL), il devient professeur dans cette même école à partir de 2001. Il vit et travaille à Genève en Suisse. Parmi ses expositions personnelles, citons : U+25A6 au Plateau du FRAC île de France à Paris (2018), Blue in green, une installation pensée pour le festival Le Printemps De Septembre à Toulouse (2018), TURNOVER à la Galerie Xippas à Genève (2016), Fri-Art le Centre d’art de Fribourg (2011), Turnaround au Mamco (2009), Statik Dancin’ au Frac Aquitaine (2007), Aller-Retour au Centre culturel Suisse de Paris (2006). Il a participé aux expositions collectives Construire une Collection au MBA de Rennes (2018) et Collectionneurs au Kunstmuseum de Lucerne (2016). Citons aussi sa présence lors de Art Genève en 2018, avec le Fonds Cantonal d’art contemporain. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques et privées : Artothèque de Villeurbanne, Fonds National d’Art Contemporain – FNAC à Puteaux, FRAC Poitou-Charentes à Angoulême, FRAC Aquitaine à Bordeaux, Frac île-de-France à Paris, Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève (FMAC), Musée cantonal des Beaux Arts de Lausanne et la Collection Kunsthaus Aarau en Suisse, Daimler art collection à Berlin et Daimler art collection à Stuttgart en Allemagne.