La Galerie Templon propose de redécouvrir un des peintres les plus singuliers et emblématiques de l’art contemporain français : Georges Mathieu. Fondateur autoproclamé de l’Abstraction Lyrique, Georges Mathieu a connu une ascension fulgurante entre les années 50 et 70, avant de subir un long purgatoire jusqu’à son décès en 2012. A travers un parcours d’une trentaine de toiles de 1960 à 1979, l’exposition démontre la pertinence et la fraîcheur d’une peinture qui a profondément marqué la création et l’imaginaire français.
La période couverte par l’exposition est celle de l’apogée de la peinture de Georges Mathieu. Pionnier d’une abstraction gesturale proche de la performance, cet artiste aux fulgurances géniales, provocateur médiatique, est peut-être le prototype de l’artiste-star tel qu’on le connaît aujourd’hui. Dans sa volonté de dépasser la notion d’avant-garde, il développe une peinture où la vitesse et la spontanéité deviennent essentielles. Travaillant parfois devant les caméras, exposé dans le monde entier, il est célèbre pour ses grands formats, où la peinture brute jaillit du tube. Il introduit une liberté inédite dans le geste créatif : émotion, violence, subjectivité. Emerge alors une écriture inédite, entre signe ésotérique, calligraphie, énergie brute, à laquelle les titres, souvent pétris de références historiques, musicales ou géographiques, donnent une résonnance poétique à la fois sophistiquée et décalée. En 1971, Pierre Dehaye affirme : « Jamais, depuis plus de vingt ans qu'a commencé l’Abstraction lyrique, l'artiste n'a atteint cette égalité dans l'éclat et l’équilibre tout ensemble. Chaque toile est une fête. ». En 1975, Georges Mathieu sera élu membre de l’Académie des Beaux-Arts. Sa pièce de 10 Francs créée pour la Monnaie de Paris est en circulation. Il dessine le logo de la chaîne publique nationale Antenne 2. Son style intègre ainsi la vie quotidienne des français et marquera profondément l’imaginaire collectif.
Daniel Templon rappelle souvent que la découverte des Capétiens de Georges Mathieu a été un ‘véritable choc visuel’ qui a déclenché sa vocation de galeriste en 1965. Aujourd’hui, dans le catalogue édité par la galerie autour de l’exposition, les textes d’Edouard Lombard (Président du Comité Georges Mathieu) et de l’historienne d’art américaine AnnMarie Perl (Princeton) analysent l’importance de son apport historique et les ressorts de sa réception internationale.