À l’écoute de la nature, Susumu Shingu en a perçu le potentiel inépuisable de variations, et c’est probablement ce qui explique la fraîcheur réjouissante que son travail conserve, cette surprenante capacité de renouvellement. Le vent est là, partout et tout le temps. Il est un mouvement de l’atmosphère, invisible ; néanmoins, à sa guise, il imprime sa marque. Il se lève, il tombe. Insaisissable et versatile. Toutefois sans rencontres, le vent demeure une abstraction. Les sculptures de Susumu Shingu le matérialisent, sans le réduire à un simple rôle de force éolienne. Le souffle de l’air joue avec les éléments comme bon lui semble et les modifie constamment. Un corps inerte soudain s’anime, une âme lui est insufflée, et on pense alors aux plans des films de Yasujirô Ozu, Bonjour par exemple, dans lequel le linge coloré pendu sur un fil se soulève discrètement au gré de la brise. Un temps suspendu dans l’espace, qui ne s’écoule pas, mais au contraire se répète. Cette succession infinie d’instants est autant de poèmes fugaces qui nous convainquent du caractère cyclique du vivant et de son éternel recommencement, voici ce que nous révèlent les œuvres de Susumu Shingu.
(Marie-Noëlle Farcy et Clément Minighetti Extrait du catalogue des expositions Spaceship et Cosmos, mai 2018)
La galerie organise, du 15 mai au 21 juillet 2018, une nouvelle exposition personnelle de l’artiste japonais Susumu Shingu intitulée COSMOS, en écho à l’exposition SPACESHIP, que le Mudam Luxembourg – Musée d’Art Moderne Grand-Duc Jean lui consacre du 18 mai 2018 au 6 janvier 2019. Après avoir voyagé au sein de trois musées au Japon, cette exposition est accueillie pour la première fois en Europe et présente notamment La Caravane du vent, un ensemble de 21 sculptures animées par le vent dans le Park Dräi Eechelen.
Faisant suite aux précédentes expositions à la galerie, Sculptures du respir en 2006, Planet of Wind and Water en 2009, et Au-delà du temps en 2012, l’exposition COSMOS rassemble une sélection de sculptures de l’artiste de 2006 à 2017 ainsi que quelques collages et peintures récents et certaines de ses exceptionnelles études pour sculptures.
Sculpteur du vent, de l’eau et de la gravité, Susumu Shingu a régulièrement développé d’étroites collaborations avec les talents de son époque – Renzo Piano, Tadao Ando, Issey Miyake, Jiri Kilian, et a affiné, au fil des années, les matériaux de ses sculptures, privilégiant des matériaux de haute technologie captant le moindre souffle … pour créer des œuvres en harmonie avec les rythmes secrets de la planète. L’art de Susumu Shingu ne pourrait exister sans le vent. Ses sculptures élégantes s’animent au moindre mouvement d’air et révèlent de la sorte la présence intangible mais omniprésente du souffle. Ce matériau «atmosphérique» qu’il rend visible et sculpte souligne son rapport au monde, sa conscience écologique. Toute son œuvre est portée par cette recherche harmonieuse des rythmes et des vibrations infinis de la nature et est sous-tendue par une force qui caractérise entièrement notre planète – la gravité. Sans gravité, la sculpture de Susumu ne peut s’épanouir puisqu’elle est indissociable à son mouvement. Après avoir voyagé avec ses sculptures dans le monde entier, Susumu Shingu a fondé récemment son Musée du Vent avec 12 sculptures d’eau et de vent installées au sein du Parc Arimafuji, près d’Osaka, au Japon. Son énergie actuelle est entièrement dédiée au grand œuvre de sa vie, Breathing Earth, le rêve d’une société vivant à partir des énergies naturelles de la planète.
Samedi 26 mai, 16h30 : rencontre exceptionnelle avec l’artiste à la galerie, Marais, dans le cadre du Paris Gallery Week-End. Signature de ses trois derniers livres parus chez Gallimard Jeunesse en mars 2018 : Avec le soleil, Le voyage du vent et La fraise.