Mes explorations portent sur l’interprétation du monde végétal par le feu du fax, l’argentique devenu rare du photomaton, ou le prosaïsme de la photocopie : des supports d’un autre temps que j’expérimente, comme pour mes estampes-fax, 20 ans. Exprimer ma subjectivité de Nature.
Un métabolisme de recherches exigeant car le végétal est fragile. Je lui donne une présence d’éternité : Noir, blanc, patiné, interprété. Fixer son impermanence, transcender ses états, proposer une incarnation.
Aujourd’hui je filtre toujours ces techniques revisitées qui fécondent mes formes, où la matière, les matières et techniques sont interprétées et poétisées. Je tiens à cette pensée en formes : elle nourrit mes questions végétales. La transformation des matières, quelles soient vivantes, sèches ou minérales.
Le végétal s’invente aussi par la main. De la main au corps, car mon corps fait corps à mes explorations. Quelles soient herbiers, sculptures ou photographies. Le corps est la partie visible de ma sombre introspection de Nature.
Cette recherche avec les photocopies-retables, se fond dans mes recherches photomatons et celles antérieurs de mes estampes-fax.
(Marie Denis)
La galerie Alberta Pane est très heureuse de présenter dans son espace parisien l’exposition Nature des profondeurs de l’artiste française Marie Denis. Pour sa cinquième exposition personnelle à la galerie, l’artiste va entièrement investir l’espace de la galerie en créant, avec son nouveau travail sur papier, un Univers enveloppant très personnel inspiré du monde végétal.
Marie Denis a toujours travaillé sur les métamorphoses, celles que le temps ou son gout du paradoxe impriment aux matières. Celles que l’artiste apporte aux végétaux, puisque la nature est son domaine de prédilection. Elle présente ici des œuvres qui s’appuient sur sa démarche « historique », l’interprétation du monde végétal, couplé à un process du quotidien : photocopier. Après avoir réemployé photomaton argentique, patine ou fax, elle sublime ici le prosaïsme de la machine de bureau par excellence, le photocopieur Sharp MXM316N de l’école d’art de Fresnes où elle est en résidence depuis début 2018. L’exploitation de tous les détournements possibles qu’elle peut opérer avec le scan fixe de la machine, la transforme en chambre photographique qui commue ces tirages en instantanés intemporels.
Car souvent, comme à l’exposition « L’impermanence » de la Fondation Fernet-Branca (Alsace été 2018), Marie Denis opère des transmutations de ses propres œuvres, c’est d’ailleurs le fil de son travail, cette expérimentation des métamorphoses. Profondeurs, dénuement, simplicité et imagination, toujours à l’œuvre.