La peinture d’Anne Neukamp s’articule autour de différents plans qui révèlent à la fois un jeu de motifs et un traitement pictural singulier. Se manifeste alors la tentation d'une analyse en coupe à la manière du géologue, pour répertorier les strates successives, ou donner à voir les différentes approches et influences de l'artiste.
Au jeu du décryptage, le traitement du motif au premier plan évoque la technique de la gravure, quand le second niveau est proche de l'hyperréalisme, et que le troisième semble reprendre les caractéristiques de la fresque. À travers ces savoirs-faire et références, l’artiste inscrit son récit pictural dans l’histoire de l’art, tout en créant sa propre histoire : aucun plan ne saurait être second, prétexte à la mise en valeur des autres. Ici, pas de fond au service du motif figuratif. Au contraire, chaque partie de la composition joue un rôle essentiel et à part entière.
Et pourtant le motif interroge. Réappropriation de logos, d’objets et de lettres, il compose une grammaire aux sources difficilement repérables. Dans ce jeu de motifs, de formes et de techniques, se lit la subtilité et la singularité du travail d'Anne Neukamp : un traitement par plan qui modélise les prémices d'une image 3D. Un travail qui s'inscrit bel et bien dans son époque, avec cette référence aux codes et aux signes de la culture web, un sujet détourné, « Painting 2.0 », comme le définit Colby Chamberlain dans Art Forum, à propos de l’oeuvre d’Anne Neukamp.
En son temps, Magritte avait fait de même. Témoin et messager d’un monde nouvellement régit par l’objet, l’artiste surréaliste dévoilait à la conscience collective du XXème siècle le monde publicitaire. Anne Neukamp reconnait l'influence de Magritte. Certains tableaux, présentés dans cette exposition ou les précédentes, témoignent de cette inspiration. Mais la référence a ses limites. « L'abstraction par hybridation " de ces compositions ne cesse de nous étonner.
Le langage pictural d’Ane Neukamp se situe en dehors d'une proposition purement contemplative. A partir de ce motif, l’artiste débute donc un travail de transformation qui la mènera vers un travail d’abstraction. De fait, depuis ces propositions, Anne Neukamp invite le spectateur à explorer et à interroger le sens des symboles de notre époque.
Anne Neukamp (née en 1975 à Düsseldorf), vit et travaille à Berlin. Elle est diplômée de l’Académie des BeauxArts de Dresde et de l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf.
Neukamp présente actuellement sa nouvelle exposition personnelle "Gamberge" à la galerie Valentin à Paris (FR). Elle prépare une exposition importante à la Rosenwald-Wolf Gallery de l’Université des Arts de Philadelphie (US) pour l'été 2018.
Ses récentes expositions personnelles et collectives incluent: Marlborough Contemporary, New York (US); Greta Meert, Bruxelles (BE); Lisa Cooley, New York (US); Jr Projects, Toronto (CA); Gregor Podnar, Berlin; Kunstverein Oldenburg (DE); Wilhelm-Hack-Museum, Ludwigshafen (DE); KunstWerke Institute for Contemporary Art, Berlin (DE); Mitchell-Innes & Nash, New York (US); Galerie des Galeries, Galerie Lafayettes, Paris (FR)...
Elle a participé au colloque "La Fabrique de la Peinture", invitée par Madame le Professeur Claudine Tiercelin dans le cadre de la chair de Métaphysique et de Philosophie de la connaissance du Collège de France à Paris (FR). Elle est lauréate de la Pollock Krasner Foundation et a résidé dans ce cadre à l'ISCP (International Curatorial and Studio Program) à New York (US). Elle a été nominée au prix Jean-François Prat en 2016, Paris (FR).