Dans la pratique de David Renggli, les notions d'équilibre et de balance, comprises dans leurs acceptions physiques, visuelles autant que conceptuelles, sont des principes structurant autant la production et que la réception. Les formes partent souvent d'une juxtaposition entre des univers référentiels contrastés, voir incompatibles en terme de valeur, principalement les références aux expressions canoniques de l'art moderne et les lieux communs du design global de la marchandise culturelle.
Chaque œuvre se présente ainsi depuis des éléments épars et contradictoires tout en étant soumise à un principe d'uniformisation visuelle. La citation s'y exprime sous une forme altérée, parfois équivoque parce que trop affirmative, mais le plus souvent réduite à une allusion subliminale. Par ce jeu, l'oeuvre devient un support à double ou multiples entrées jouant sur des phénomènes de vraisemblance et de faux-semblant, se confirmant et s'infirmant simultanément. Par la conjonction plausible des contradictions, s'instaure un principe de double bind où chaque œuvre parvient à paramétrer sa propre autonomie, entre auto-référentialité et tautologie ironique.
Sur le même principe qui gouverne la production des formes, l'exposition est travaillée un cadre de juxtaposition entre des propositions contradictoires soumis à un principe d'équilibrage visuel. Renggli y télescope les lieux-communs de l'exposition de design d'intérieur, les traditions institutionnalisées de l'exposition de peinture et de sculpture, associant ces codes pour vectoriser un cadre plausible de réception. Les expositions opèrent ainsi comme des images d'exposition. A l'intérieur de cette «chambre d'esthétique» conférant aux œuvres une autorité naturelle et paramétrant certains réflexes de réception, se glisse toujours une part maîtrisée d'accident et de contre-sens.