Au printemps 2018, dans le cadre d’une riche actualité parisienne (Musée de la Chasse et de la Nature, Beaux-Arts de Paris), le peintre français Gérard Garouste revient à la Galerie Templon avec une nouvelle série d’œuvres rassemblées sous le thème du Zeugma – « Le pont », « le lien » en grec. L’artiste y développe l’idée du passage et de la transmission, d’un point de vue philosophique, iconographique et sémantique.
Gérard Garouste met en scène le pont entre le Talmud, les récits mythologiques ou littéraires, et sa propre histoire, en s’attachant à créer un « entre-deux » qui fait surgir l’interrogation et l’humour. Après s’être penché sur les grands textes fondateurs, de la Bible à Goethe en passant par Cervantes, et sur son autobiographie, l’artiste applique à son travail l’exégèse talmudique, qu’il considère comme l’inconscient de la philosophie occidentale.
Une trentaine de nouveaux tableaux invitent ainsi le général Naaman et Pinocchio, Franz Kafka et Borges, les maîtres H’oni ou Bar Bar H’ana, le fils de l’artiste et son beau-frère décédé. Par associations d’images et d’idées, jeux sur l’intertextualité et les doubles sens, le peintre poursuit avec délectation son travail de renversement des interprétations. « Regarder c’est apprendre, apprendre à lire ce qui n’est pas écrit » : Gérard Garouste est à la recherche de l’implicite. A travers les collisions inattendues du zeugma, l’artiste aborde ainsi des thèmes universels : l’Autre et le Temps.
Depuis les années 1980 Gérard Garouste utilise la « puissance d’interrogation » (Olivier Kaeppelin) des grands mythes et des textes sacrés. Son art est indissociable d’un engagement à la fois intime, spirituel et politique : « Si je peins armé des textes qui ont irrigué les siècles, fabriqué la pensée de nos aïeux […] si je fais de la peinture à l’huile […] c’est pour regarder en nous, révéler notre culture, notre pensée dominante, notre inconscient. Je veux être un ver dans le fruit. »
L’exposition se poursuit à l’Impasse Beaubourg, en face en traversant la rue Beaubourg (du mardi au samedi).
Né en 1946, Gérard Garouste vit et travaille en Normandie et à Paris. Artiste français parmi les plus populaires de sa génération, il occupe une place singulière dans le paysage artistique international.
Représenté dans les années 1980 par le grand marchand américain Leo Castelli, il a exposé dans le monde entier (États-Unis, Japon, Allemagne, Amérique latine, Italie) et est présent dans les plus grandes collections publiques, dont celles du Musée national d’art moderne – Centre Georges Pompidou, du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, et du Museum Ludwig de Vienne.
En 2009 la Villa Médicis à Rome lui a consacré une grande rétrospective, Le Classique et l’Indien. La même année, dans L’Intranquille : Autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou, coécrit avec Judith Perrignon, l’artiste livre un témoignage autobiographique qui connaît un immense succès critique et public. Il y révèle pour la première fois ses conflits avec un père antisémite et sa lutte contre la folie. En 2015 la Fondation Maeght lui consacre une grande rétrospective : En Chemin ; en 2016 c’est le musée des Beaux-Arts de Mons avec Gérard Garouste, à la croisée des sources. En décembre 2017 il est élu à l’Académie des Beaux-Arts de Paris.
L’artiste est très engagé, depuis 1991, auprès de l’association La Source, qu’il a créée à destination des enfants et des jeunes en difficulté.