La galerie Xippas est heureuse de présenter une exposition de l’artiste franco-belge Farah Atassi. Née à Bruxelles en 1981, elle est l’une des artistes peintres les plus remarqués de sa génération. Nominée en 2013 pour le Prix Marcel Duchamp, elle ne cesse depuis d’entrer dans de grandes collections à travers le monde. Pour sa seconde exposition à Genève, l’artiste dévoile un ensemble de tableaux inédits.

Farah Atassi développe une peinture figurative à partir d’un vocabulaire dont la matrice se constitue de formes abstraites. Ses tableaux reposent sur un dispositif commun où le motif géométrique induit des espaces dans lesquels évoluent figures et objets. Sur fond de motifs systématisés se déploient des formes empruntes des avant-gardes européennes du XXème siècle.

« Je suis très sensible à la peinture directe et efficace des artistes des avant-gardes, à cette espèce d’économie de moyens qui préside à toutes leurs compositions. Je m’inspire beaucoup de leur vocabulaire synthétique, de ces formes simplifiées qui hésitent entre signe et figure telles qu’on peut les trouver chez Malevitch, Léger ou Herbin. Comme eux, si je peins des éléments géométriques, je veux que ma peinture ait aussi une dimension figurative », affirme l’artiste. Ses œuvres sont autant de citations à l’histoire de l’architecture, du design, et de la peinture. C’est ainsi qu’évoluent dans un même espace pictural des références aussi diverses que celles à l’Art déco ou au design moderniste. Selon Marjolaine Lévy, alors que « le modernisme et l’ornement » sont « deux adversaires historiques, pour Farah Atassi, le crime ce n’est pas l’ornement, mais l’obligation de choisir entre ces deux paradigmes. Dans ses peintures, la grille moderniste se déploie dans un lieu, se spatialise, pour se muer en un motif purement ornemental ».

À Genève, Farah Atassi présente six toiles inédites issues de deux familles différentes. La première série, initiée dès 2012, présente des tableaux qui s’articulent autour du binôme fond–figure ou fond–objet. Le motif peint en all-over crée l’espace dans lequel tantôt se meut un personnage, dans Player et Woman in a Rocking chair, tantôt sont disposés à la manière d’une nature morte un ensemble d’objets – ici des instruments de musique – reconstituant une famille : dans Still Life With Keyboards et Circus. La deuxième série elle dévoile les nouvelles recherches picturales de l’artiste. Les objets ou figures se font de plus en plus abstraites, se métamorphosent en ornement, se confondent presque avec le fond. « Mes fonds ont de plus en plus tendance à remonter vers la surface de la toile. Leur fonction désormais est sans doute moins de suggérer des espaces tridimensionnels destinés à être habités par telle ou telle figure

que de déployer des supports de composition abstraite », précise l’artiste. Cette nouvelle série intitulée Psychedelic setting puise dans différentes esthétiques allant des images animées d’Oskar Fischinger au New Age des années 70 : couleurs vives et lignes courbe. Deux séries et pourtant dans chacune des toiles on retrouve des lignes de perspective faussées par les ornements saturés. Un bandeau en bas reprend trait pour trait la composition du haut de la toile. Fil tendu entre toutes ses compositions, le tableau se cite lui-même, voire, comme un raccourci, annoncerait son recommencement, à l’instar d’une tapisserie qui se déroulerait à l’infini.

Farah Atassi est née en 1981 à Bruxelles, elle vit et travaille à Paris. Diplômée de l’ENSBA en 2005, elle a été révélée dans le cadre de l’exposition Dynasty au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, et au Palais de Tokyo. Son œuvre a également été montrée au sein de l’exposition The Pompidou Center in the State Hermitage en 2010, dont le commissariat revint à Bernard Blistène, au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg en 2016 et au Museum of Art, Architecture & Technology de Lisbonne en 2017. Lauréate du Prix Jean-François Prat en 2012, elle fut nominée en 2013 pour le Prix Marcel Duchamp avant de partir en résidence au sein de l’International Studio & Curatorial Program (ISCP) de New York. En 2014, Le Grand Café, Centre d’art Contemporain de Saint-Nazaire en France et Le Portique, Centre d’Art Contemporain du Havre lui consacrent une exposition personnelle, tout comme le Extra City Kunsthal d’Anvers en 2015. En 2018, le Musée des Beaux-Arts de Cambrai en France présentera également une exposition de l’artiste. Ses œuvres sont présentes dans les collections du Centre Georges Pompidou, du Fonds National d’Art Contemporain, de la Fondation Louis Vuitton – LVMH, de la Collection Marciano à Los Angeles et du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, entre autres.