L’exposition Blow Firozabad Bangles de François Daireaux est le résultat de multiples allers-retours de l’artiste entre le territoire verrier de Firozabad en Inde et celui de Meisenthal en Moselle. Firozabad est une ville ouvrière située au nord de l’Inde dont l’activité principale est, depuis plusieurs siècles, la production verrière et en particulier la production de bracelets de verre, bangles dont se parent les femmes indiennes. Ceux-ci sont quotidiennement produits par millions dans les centaines de verreries disséminées dans toute la ville. La quasi totalité des 600’000 habitants de cette cité travaillent pour la production verrière à des cadences infernales dans des conditions souvent extrêmement pénibles.
Pendant deux années consécutives, l’artiste a fait l’expérience du territoire verrier de Firozabad, l’a photographié, l’a filmé et a réalisé l’inventaire de toute une production qu’il a ensuite délocalisée en l’exportant à Meisenthal au Centre international d’art verrier (CIAV). Une collection de 404 toras – bouquets de bangles entremêlés – a alors été soufflée dans des moules sauvegardés par le CIAV après les fermetures successives de nombreuses verreries lorraines. De là est née l’installation Blow Bangles composée de 404 “empreintes” de verre soufflées à la bouche par les artisans verriers de Meisenthal. Au mudac, l’ensemble des “empreintes” sont disposées sur un socle autour duquel le visiteur est amené à déambuler pour ensuite entrer dans une salle noire où le film Firozabad est projeté.
Ce projet touche ainsi à des questions très larges et plus actuelles que jamais : mondialisation et globalisation de la production de masse, conditions de travail des objets vendus à bas prix en Occident, circulation des biens et, à travers ceux-ci, des cultures. Au moyen de la circulation, transformation et recréation d’objets, François Daireaux provoque de nouveaux échanges, sur d’autres modalités. Il fait se croiser des cultures éloignées mais qui partagent la tradition du travail verrier et qui sont toutes deux confrontées à des crises de production locale: fermeture des manufactures françaises liée à la délocalisation et conditions de travail inhumaines de l’artisanat verrier de masse indien. Les “empreintes” issues de la fusion de ces savoir-faire invitent le public à une réflexion sur nos modes de vie globalisés, alors que le film nous confronte à la brutale réalité de Firozabad.